Il y a quelques semaines, la nouvelle production de Flight, opéra-comédie de Jonathan Dove créé en 1998, a rencontré beaucoup de succès à Opera Holland Park, grâce à une mise en scène drolatique ancrée dans la modernité d’un aéroport. Le tout nouvel opéra de Jonathan Dove, Le Monstre du Labyrinthe, est à l’inverse situé dans l’Antiquité, et prend appui sur le mythe intemporel du Minotaure. Sa réalisation, confiée à un groupe mêlant amateurs et professionnels, dure environ une heure : dimanche 5 juillet, Sir Simon Rattle, qui dirigeait la création anglaise au Barbican, a profité de la deuxième partie de soirée pour faire entendre la Symphonie n°1 de Walton, interprétée par le London Symphony Orchestra dont les effectifs étaient renforcés par quelques brillants élèves de la Guildhall School. Une performance incroyablement riche, emportée par une énergie rare et une passion délectable.
Né en 1959, Jonathan Dove est un compositeur anglais particulièrement apprécié pour la force dramatique de ses opéras, à la fois directe, accessible, et minutieusement élaborée à travers chacun des éléments de l’œuvre. Le Monstre du Labyrinthe est un parfait exemple de ce style si savoureux : conçu pour être interprété à la fois par des professionnels, des adultes amateurs, des étudiants et des enfants, l’opéra déroule une intrigue simple et prenante, dont la théâtralité est soulignée par un discours musical très parlant (Jonathan Dove l’a voulu “catchy”, accrocheur). L’œuvre, co-commissionnée par l’Orchestre Philharmonique de Berlin, le London Symphony Orchestra et le Festival d’Aix-en-Provence, est présentée successivement à Berlin, Londres et Aix-en-Provence, respectivement en allemand, anglais et français afin d’être compréhensible à chacun des publics. Au Barbican, pas de véritable mise en scène mais une mise en espace tout à fait convaincante, destinée à plaire à une audience intergénérationnelle. C’est le roi de Crète, le cruel Minos, qui enclenche l’histoire ; joué par Malcolm Storry, il s’agit d’un rôle parlé, ce qui permet aux spectateurs de cerner immédiatement le contexte et les enjeux du mythe. Petit résumé. La Crète ayant vaincu Athènes à la guerre, Minos impose aux Athéniens de lui envoyer tous les ans par navire une cargaison de jeunes gens, soit “l’espoir d’Athènes, les enfants, la force et l’avenir du pays” ; il les destine à une mort certaine en les livrant au Minotaure, monstre tapi dans le labyrinthe construit par Dédale. Thésée décide de les sauver, contre l’avis de sa propre mère. Il sera aidé par Dédale.