Rares sont les concerts de musique ancienne sur la scène toulousaine, qui plus est ceux ambitionnant de recourir à la reconstitution historique pour leur production. Les Grands Interprètes paraient à ce phénomène, pour leur second concert de la saison, en invitant l’ensemble du Giardino Armonico, cofondé et dirigé depuis 1989 par Giovanni Antonini, pour un programme entièrement classique. La reconstitution du programme classique centré sur Haydn et Mozart était renforcée par la présence de la soliste Isabelle Faust. Enfin, le double panneau Symphonie – Concerto sortait un peu des schémas de concerts habituels.
La première Symphonie n°47 en sol majeur d’Haydn introduit de plain pied l'auditeur au style de jeu de l’époque classique avec un Allegro aux appogiatures non vibrées mais appuyées aux violons. Les gazouillis de ces derniers répondent sans encombre au duo des cors, sous la direction enthousiaste et à mains nues de Giovanni Antonini. Le second mouvement Un poco Adagio, cantabile amène un calme contrastant, toujours parfaitement dans l’esprit de l’époque malgré, d'un point de vue technique, un discret vibrato sur les tenues d’appogiatures. Soulignons que basses mais aussi violons et alti jouent debout, ce qui rend l’exercice d'autant plus remarquable. La pédale finale est fantastiquement suspensive. Le rythme du Minuetto e Trio al roverso remet l’ensemble dans une dynamique dansante et fière. Fortissimo et sautillés des cordes deviennent plus rugueux, s’alliant avec les appels des cors pour produire un effet archaïsant à l’oreille, avant un enchaînement immédiat avecle finale Presto assai, rendu toujours dans cette ambiance globale intimiste.
Isabelle Faust s’avance ensuite sur les devants de la scène pour le Concerto pour violon n°1 de Mozart, vêtue de son poncho multicolore. Expression violonistique claire et virtuosité sans accroche. Le choix de sa cadence pour l’Allegro moderato s’arrête sur un passage quasiment en partita. L’humour mozartien est pleinement mis en avant par les musiciens, avec néanmoins un engagement et une gestuelle parfois excessive chez la soliste. Le Presto donne l’occasion à la basse à cinq cordes et aux violoncelles de se transformer progressivement en instruments à percussion.