L’Orchestre du Théâtre Mariinsky est l’une des plus anciennes institutions musicales de Russie dont la création remonte au 18è siècle. Dirigé par Berlioz, Wagner ou Rachmaninov par le passé, il l’est par Valery Gergiev depuis 1998.
Le concert donné à la Philharmonie mélangeait une œuvre russe très connue, les Tableaux d’une exposition de Modeste Moussorgski (1839–1881) et deux autres moins jouées, le Concerto pour orchestre no. 1 « Couplets polissons » de Rodion Chtchedrine et Les Enfantines de Moussorgski.
Sous la direction très attentive et le jeu de doigts fascinant de Valery Gergiev, l’orchestre retranscrit dès les premières mesures le côté « polisson » du Concerto pour orchestre de Rodion Chtchedrine. Compositeur russe né en 1932, Rodion Chtchedrine écrit ce concerto à 31 ans. On y décèle beaucoup d’humour et, sur le plan musical, le genre classique du concerto est parsemé de dissonances modernes et de références à la tchastouchka, chanson populaire. Syncopes, rendus de claquettes, trompette, rappels de danses populaires russes… font de cette œuvre un concerto atypique et entraînant.
Les Enfantines de Modeste Moussorgski, écrites entre 1868 et 1872, mettent en musique des tirades d’enfants dialoguant avec leur nourrice. Hanneton, chat, poupée, sont autant de sujets de ces sept mélodies que la soprano d’Anastasia Kalagina fait revivre. Sa voix ne couvre malheureusement pas toujours l’orchestre et il devient parfois difficile de dissocier les deux. L’écriture musicale libre de l’œuvre en rend l’interprétation exigeante, tâche dont s’acquitte parfaitement l’orchestre.
L’œuvre la plus attendue, Tableaux d’une exposition de Modeste Moussorgski, s’est révélée magique. Œuvre fondamentale de la musique russe, elle constitue, avec Une Nuit sur le Mont Chauve, un hommage à l’architecte, aquarelliste et designer Viktor Hartmann (1834-1873) qui rejetait les valeurs de l’Occident pour revenir à la Russie médiévale et populaire. Moussorgski s’inspire des aquarelles de l’artiste pour rédiger une œuvre complexe, puisant tour à tour dans la musique populaire russe et dans des innovations musicales. Son orchestration par Maurice Ravel en donne une lecture moderne en introduisant notamment un saxophone et un tuba ténor soliste.