La Quatrième Symphonie de Brahms est sans doute une des contributions majeures du compositeur au canon romantique. La partition prouve l’influence de l’héritage symphonique de Beethoven dans la seconde moitié du XIXe siècle. Donner à entendre le faste de cet opus 98 avec un orchestre de chambre n’a rien d’une sinécure, pour des raisons tant pratiques qu’acoustiques. Et pourtant, au Concertgebouw Brugge, ce monument musical a parfaitement tenu ses promesses sous la baguette de Thomas Dausgaard. Sans tutti écrasant, avec moins de décibels et une structure plutôt compacte, la lecture transparente et pleine de caractère du chef d’orchestre danois a ému. Si, durant la première partie du concert, le Swedish Chamber Orchestra a semblé ne jamais reprendre son souffle, il a confirmé après l’entracte sa réputation d’ensemble fringant débordant d’intelligence soliste.
La musique moderne figure bien plus souvent sur les pupitres du Swedish Chamber Orchestra. Rien de surprenant : son chef principal, Thomas Dausgaard, collabore régulièrement avec des compositeurs vivants. En guise d’apéritif, l’orchestre a accueilli le public avec A Freak in Burbank d’Albert Schnelzer. Cette partition est un métissage de Joseph Haydn et Tim Burton, la signature américaine y étant nettement plus marquée que l’européenne. Schnelzer, qui se destinait initialement à une carrière d’ingénieur, a finalement embrassé celle de compositeur. Aujourd’hui, ses créations portent encore la marque de ses expériences de jeunesse en tant que claviériste d’un groupe de rock.
Clusters répétitifs, recherche ostentatoire d’effets, ambiance sonore presque industrielle : ces caractéristiques s’appliquent à bien d’autres pièces de Schnelzer. A Freak in Burbank recourt elle aussi à des principes stylistiques tributaires du minimalisme et de la musique de film, dans une tentative de transposer à la musique classique contemporaine la malice et l’entêtement du cinéaste. Le Swedish Chamber Orchestra n’a cependant jamais paru à l’aise dans la rythmique quasi mécanique et les principes harmoniques qui sous-tendent l’œuvre de Schnelzer. Dausgaard a respecté autant que possible les articulations, mais les bois et les cordes se sont plusieurs fois égarés. Abstraction faite de la nature plutôt monochrome de la partition, la pièce n’est pas parvenue à séduire, en raison de son exécution crispée.