Le Festival Présences 2020 s'est clôturé le dimanche 16 février à la Maison de la Radio, avec au programme une dernière œuvre de George Benjamin, le compositeur mis à l'honneur pour cette édition. Et quel compositeur en effet : les créateurs contemporains traitant de l'art lyrique comme une seconde nature ne sont pas si répandus. Quoi de mieux, pour cet ultime concert, que d'écouter son premier opéra créé en 2006, Into the Little Hill ?
Mais avant d'en arriver là, l'Ensemble intercontemporain entonne l'Urban Song, création de Bastien David. Né en 1990 et résidant actuellement à la Villa Médicis, ce compositeur offre aux auditeurs une pièce d'une richesse impressionnante. Pour décrire le brouhaha ambiant de la ville, faire entendre ses sons de tôle, de rails et de klaxons, il a évidemment choisi le meilleur ensemble : la capacité de l'EIC à travestir ses sons et à ainsi en faire oublier la source réelle, à métamorphoser un violon, une flûte et une percussion en une rame de métro, n'est plus à prouver.
D'autres instruments plus étranges sont introduits : l'un des percussionnistes tourne un tuyau harmonique au-dessus de sa tête pour créer le son du vent. La violoniste frotte de son archet un objet fait de tiges de métal, apportant d'autres sons aigres à cette masse folle. Un instrumentiste souffle dans le pavillon du basson de son voisin. Le tout est fait avec une musicalité épatante, un rythme décoiffant qui nous happe, tenus par les gestes précis de Pierre Bleuse. L’œuvre se finit quand la chanson urbaine se meurt et que toutes les lampes du plateau s'éteignent, autant que les lumières de la ville au petit jour. Le public en ressort clairement conquis.
Vient ensuite l’œuvre d'Isabel Mundry, Noli me tangere, créée également ce soir. L’œuvre réinvestit le modèle du concerto, avec un percussionniste solo et le reste de l'orchestre agissant comme son prolongement. Très brillant comme à son habitude, Samuel Favre livre une performance précise et engagée dans la musique. Il commence par le simple frottement d'un tambourin avec la paume de sa main, l'alterne avec un tam-tam qu'il déclenche avec différentes baguettes, ces premiers gestes évoquant le titre – Ne me touche pas. Petit à petit, la pièce s'ouvre entre ses solos et les tutti, où le percussionniste est notamment rejoint par un quatuor de cuivres qui agit presque comme une seule voix.