Œuvres originales, transcriptions anciennes et modernes, improvisations, hybridations culturelles : l’organisation de Toulouse les Orgues affichait un cocktail explosif pour la soirée de clôture du festival « La Nuit de l’orgue. Regards sur l’orgue de demain » à Saint-Sernin. Le pari était de bien de montrer, voir de démontrer que l’orgue est un instrument encore vivant, et pas seulement réservé aux chaires conservatrices de pratiques d’un autre temps. Pour ce faire, la production faisait le choix de réunir différents styles dans une même soirée, autour d’interprètes ayant en commun néanmoins une certaine jeunesse. Un concert attirant, puisque ce dernier démarrait avec un peu de retard, le temps que tout le public amassé sur le parvis de la basilique puisse pénétrer dans le monument toulousain emblématique.
Quatre panels hétéroclites accueillaient le visiteur installé dans la nef, alternant récitals individuels et duos de musiciens. Le premier tableau s’articulait chronologiquement autour du romantisme de Mendelssohn, de la modernité de Franck et de la contemporanéité d’Hampton. La main tremblante mais non moins précise d’Andrew Dewar montre l’orgue sous son angle le plus classique. Le dispositif de caméras multiple montre au public, via une retransmission en direct dans la nef, les trois claviers et le pédalier manipulés par le musicien. Il montre aussi la richesse du grand orgue de Saint-Sernin qui, avec ses 54 jeux, ne nécessite pas un mais deux assistants. L’Ouverture à Saint-Paul de Mendelssohn, arrangée par William Thomas Best, éclipse quelque peu le Choral n°2 en si mineur de Franck. Les extraits des Five Dances d’Hampton laissent le public perplexe avec dans un premier temps un flot continu superposé à une mélodie naïve au final abrupt, puis une danse plus atonale, imitant un rire presque saccadé.
Les post-it roses et bleus d’A. Dewar laisse place aux post-it orange de Benjamin Righetti, accompagnant Antoine Auberson au saxophone. Les 7 ambiances proposées par les 7 péchés capitaux de Weil posent un langage multiple entre le jazz, la modalité du XIXe, l’atonalité et la musique populaire, prolongé par la Danse populaire, Source, Danse ZZ et A synagogue in the Hill du saxophoniste. Alternant soli et duo très complices, c’est le panel sans doute le plus réussi, mélangeant humour – à l’image des chaussettes de Benjamin Righetti –, virtuosité et transport.