Il est intéressant de voir qu’alors que la montée en puissance des tenants de l’authenticité musicale avait un moment amené les phalanges symphoniques à renoncer au répertoire baroque (à moins de solliciter des « baroqueux » pour le leur réenseigner), cette espèce de pudeur s’efface et les formations traditionnelles se sont remises aux grandes œuvres chorales de Bach et Haendel. Mais comme on l’a entendu ce dimanche au Palais des Beaux-Arts, il faut s’adapter pour survivre : finis donc les grands orchestres symphoniques et les gigantesques chœurs, place à des versions dégraissées prenant en compte les acquis de la musicologie.
C’est ainsi que pour son exécution du Messie de Haendel, le Belgian National Orchestra est ramené à un ensemble de chambre de 33 exécutants (organiste/claveciniste compris), alors que le magnifique Chœur de chambre de Namur compte 24 chanteurs. Les deux formations sont placées sous la direction à la fois soignée, claire et ferme du chef britannique Ian Page. Pouvant compter sur une coopération sans réserve des forces placées à sa disposition, cet artiste à la direction très fine quoique peu spectaculaire amène les cordes de l’orchestre (en excellente forme) à jouer en soignant particulièrement l’articulation et en ayant recours au minimum de vibrato. Et on peut dire que le résultat ne déçoit pas. Depuis l’ouverture à la française aux rythmes finement pointés jusqu’à l’Amen final, il n’y aura pas un moment d’ennui ou de lourdeur dans cette interprétation à la fois ferme, énergique et sensible.
Avant de louer les solistes, il faut saluer (une fois de plus) la prestation de premier ordre des membres du Chœur de chambre de Namur dans cette œuvre où la partie chorale est si importante. Ensemble, intonation, équilibre, beauté sonore, nuances : on est ici proche de la perfection. Tous les pupitres sont à louer, mais il faut cependant mettre en évidence l’extraordinaire qualité des sopranos de cette formation.