Soirée de fête au Victoria Hall de Genève qui programmait deux œuvres de Mozart ou presque : L’Ode à Sainte Cécile est un arrangement d’une œuvre de Haendel par Mozart, tandis que la Messe en ut mineur est restée inachevée.
C’est une très belle ouverture haendelienne, forte en trompettes et timbales, qui fait entrer de plein pied dans la teneur globale du concert : à la tête de ses Musiciens du Louvre, Marc Minkowski déploie une énergie superlative qui ne s’évanouira qu’au point d’orgue final.
L’Ode à Sainte Cécile permet d’apprécier le timbre velouté de la soprano Ana Maria Labin, notamment dans le poétique air « Leidenschaften stillt und weckt Musik », divinement ourlé : on y entend un très beau solo de violoncelle, enlacé avec un basson suave. On est moins convaincu par le ténor Stanislas de Barbeyrac. Certes, celui-ci fait montre d’une belle vocalité, corsée et ample, mais on regrette son émission poussée, particulièrement dans l’air de bravoure « Trompete, dein Schmettern erweckt », repris de la même manière par un pupitre de ténors qui met à mal l’homogénéité du chœur.
Les attentes étant grandes concernant la Messe en ut mineur qui prolongeait la soirée. Pièce majeure du répertoire sacré mozartien avec le Requiem, l’œuvre montre un traitement resplendissant de la masse chorale et des arias sublimes qui penchent vers l’opéra tel le « Laudamus te » ou vers la référence aux œuvres religieuses de Bach ou Haendel comme le fabuleux duo « Domine Deus ».
Marc Minkowski, aux aguets, trouble dès l’introduction par une battue virevoltante. Pendant toute la durée de l’œuvre et notamment les airs accompagnés, le maestro propose des tempos vifs et une pulsation droite qui empêchent le phrasé de respirer, les mélismes de s’épanouir. Les limites de cette direction sont particulièrement visibles dans « Et incarnatus est », où le chef trace son chemin sans se soucier d’Ana Maria Labin. Irradiant de sérénité, la soprano fait cependant entendre un des meilleurs moments de la pièce par sa voix sensible. Un peu plus tôt, lors du « Laudamus te », Ambroisine Bré avait également ravi par la chaleur de son timbre, sur des cordes superbement ronflantes.