Pour son second concert Debussy de l'année, la scène du Parvis accueillait Vanessa Wagner et Marie Vermeulin à l'occasion d'un rare récital à deux pianos. Les deux interprètes françaises ont chacune approfondi de longue date l’œuvre de Claude Debussy et de Maurice Ravel, mais elles s'attaquent ici au jeu de la transcription et de l'écriture, tantôt à quatre mains, tantôt à deux pianos pour une soirée centrée sur le fameux « style français » d'époque moderne.
Le programme de la soirée fonctionne en deux parties s'équilibrant et montrant les différents visages des deux compositeurs. Avec des œuvres essentiellement issues du début du XXe siècle, le concert s'amorce par la Petite Suite de Claude Debussy dans sa version princeps pour quatre mains (1886-1889). Les bras des interprètes se croisent avec délicatesse dans une lumière rougeoyante pour En bateau avant Le cortège plus animé mais solennel. Passé Menuet, le faux air de comptine du Ballet se transforme rapidement en une gestuelle plus virtuose. Vient ensuite la sombre pièce En blanc et noir (1915) où le fidèle Monsieur Croche, en proie à la dépression face aux malheurs de son temps, parvient encore à trouver un peu de magie musicale. Originalement composée pour deux pianos, elle fait passer le concert dans une autre configuration et Avec emportement permet une exploration directe du jeu de nuances permis par l'utilisation double de l'instrument. Les appels lointains du Lent-Sombre se combinent à merveille avec une lumière fine et bleutée. Ce récitatif solennel donne lieu à un régal d'accords parallèle magnifiquement agencé par le regard réciproque des deux pianistes. La virtuosité exigée par le Scherzando donne lieu à quelques décalages de l'ordre de la microseconde non sans intérêt auditif. Pour clore cette première partie : La Valse de Maurice Ravel. La pièce donne lieu à un dialogue de motifs et de regards, sa mélodie de valse n'apparaissant que par bribes tant le compositeur porte intérêt au jeu rythmique. Les traits, les variations et déconstructions de la pièce sont millimétrés, malgré un changement de lumière inopiné et la toux fortuite de Marie Vermeulin.