Il pleuviote sur Lyon, ce samedi 22 février. Mais une fois entré dans l’Auditorium, on s’émerveille de la délicatesse des précipitations pianistiques que Francesco Piemontesi fait tomber sur les oreilles tendues vers la scène.
L’entame de la Sonate « Waldstein » de Beethoven se fait rapide : l’« Allegro con brio » ne manque pas de précision pour autant, ses contrastes entre les graves et les aigus y sont sculptés avec soin. Le pathos attendu sur les motifs lents, quant à lui, se fait sans exubérance, par le biais du toucher, qui dégage plus de clarté, et seulement un soupçon de rubato. Là est tout le jeu de Piemontesi, que le public absorbe avidement : pas de clinquant, pas d’effet de manche, mais une émotion intime généreusement donnée en offrande aux auditeurs. Il n’y a aucun paramètre sur lequel le soliste ne sache jouer, lui qui dégage des sonorités les plus diverses du Steinway de l’Auditorium, tantôt feutrées, tantôt cristallines dans l’« Adagio molto ». Et quand ses doigts descendent le clavier dans la partie finale « Prestissimo » du troisième mouvement, on reste ébahie par le charme de ce doigté qui, dans toute sa célérité ne manque pas d’une tendresse inattendue ici.
Progressivement, la certitude s’installe que nous avons affaire à un faiseur de pluie aux doigts de magicien. Ainsi la Sonate op. 109 nous accueille-t-elle ensuite par une petite pluie de printemps, légère mais délicieuse, dont les gouttes tombent telles des perles. L’agitation du deuxième mouvement les fait revenir, plus grosses, de cette sorte qui vous tombe sur la nuque, ou dans la manche, impromptue. Dans la recherche des différents plans sonores de l’« Andante molto cantabile », Piemontesi est pédagogue, dégageant les reliefs avec exactitude, mais sans pédantisme, et reste encore courbé sur son dernier accord, captif lui-même de la musique envoûtante qu’il vient de créer.