Il y a cent ans naissait le cinéaste suédois Ingmar Bergman. A l’occasion de ce centenaire, le chorégraphe Mats Ek et les étoiles montantes de la chorégraphie suédoise Alexander Ekman et Johan Inger, rendent hommage à cet artiste à l’âme libre, pionnier du septième art et grand amateur de danse, comme le dévoilent des films tels que Jeux d’été ou La Nuit des Forains. Si Johan Inger nous invite à redécouvrir un film chorégraphique imaginé par Bergman, Alexander Ekman et le couple Mats Ek-Ana Laguna montent eux-mêmes sur les planches pour offrir – chacun à leur manière – une danse-hommage à l’artiste. Ces témoignages artistiques sont de véritables moments de nostalgie et de partage avec le public, à la hauteur de l’événement.
4 Karin, création de Johan Inger, est tirée du court-métrage The Dance of the Damned Women, réalisé en 1976 pour la télévision suédoise par Ingmar Bergman et la chorégraphe Donya Feuer. Ce téléfilm met en scène quatre femmes – une adolescente, deux femmes mûres, et une vieille femme – dans l’atmosphère resserrée d’un huis clos. La plus jeune d’entre elles ramasse un ours en peluche en faisant face à la caméra et provoque un mystérieux ballet où l’on déchiffre des tensions intergénérationnelles. Lorsque leur danse s’interrompt, la clef de cette intrigue silencieuse nous est donnée oralement par une femme qui explique que le film met en scène trois personnages : une jeune fille, sa mère – représentée par deux danseuses qui illustrent les deux facettes de sa personnalité, tiraillée entre un désir d’ordre et de liberté – et le souvenir de la grand-mère disparue. Puis le film est rediffusé, permettant au spectateur de redécouvrir l’histoire à l’aune de ces explications. Johan Inger reprend à l’identique ce schéma en transportant la chorégraphie de la vidéo à la scène. Une intéressante découverte, qui manque toutefois d’une interprétation plus forte.