L'Orchestre de Pau Pays de Béarn proposait une série de concerts autour de l'Arménie avec un programme à la fois issu du répertoire et intégrant des compositions et arrangements originaux de Cyrille Lehn. Frédéric Morando ouvre la soirée avec une présentation des œuvres mais aussi en rappelant que la semaine de concerts est dédiée au peuple ukrainien, en partenariat avec la Croix Rouge. Le directeur général de l'orchestre ne manquera pas non plus de rappeler les mémoires arméniennes ainsi que les difficultés de Khatchatourian avec le régime soviétique, glissant un parallèle avec l'actualité malheureuse du moment.
En guise d'introduction, l'orchestre propose un premier arrangement de Cyrille Lehn intitulé Rhapsodie arménienne, œuvre didactique « empruntant au répertoire des danses ». L'ouverture est en effet bucolique, jusqu'à l'arrivée d'un grand thème orchestral à l'unisson. Les influences sont multiples, avec parfois des accents jazz et pop alors que d'autres passages sont plus rythmés par des contretemps dansants et des instruments à percussion qui donnent une touche particulière à l'ensemble (tambour de basque, cymbale, etc.).
Astrig Siranossian monte ensuite sur scène pour le Concerto pour violoncelle en mi mineur d'Aram Khatchatourian. L'Allegro moderato offre une ambiance symphonique magistrale mais inquiète, avec des bribes de thème passant d'un instrument à l'autre, chacun gardant son approche (basson très synchrone, clarinette plus douce et détachée). Avec un son très sec et des attaques piano, la soliste semble apparaître et disparaître de la masse collective. La cadence très virtuose permet d'explorer les cordes graves de l'instrument sur le motif thématique et le premier mouvement se termine sur un staccato parfaitement maîtrisé. L'Andante sostenuto renforce l'atmosphère inquiétante de la pièce en prenant des accents mélancoliques, le tout renforcé par l'écriture qui laisse beaucoup de place à l'orchestre et à des techniques originales (coups de langue des deux flûtes). L'Allegro offre au public une démonstration de virtuosité contenue, le dernier bond final amenant une explosion sonore – comme en témoigne les crins brisés de l'archet de la violoncelliste ! Largement acclamée, Astrig Siranossian propose un bis traditionnel, avec son violoncelle en bourdon sur lequel elle ajoute, surprenant au passage le public, le chant.