C’est un temps glacial, rayé de flocons, qui vous cueillait ce mercredi soir sur Genève, comme pour mieux introduire ce concert dirigé par le russe Vasily Petrenko, étoile montante, et déjà fort brillante, de la direction d’orchestre.
Auréolé de plusieurs prix de direction, il a déjà dirigé de nombreux orchestres et s’est produit dans de fameuses fosses d’opéra dont Glyndebourne, Paris, Hambourg, Zurich, Munich. Sur le papier, la chose est bien vendue, et sur l’affiche aussi, tant son doux visage, pris par un photographe talentueux, vous vend une plastique irréprochable et un marketing qui ne l’est pas moins. On le sent déjà : rien ne sera laissé au hasard.
D’une souplesse toute féline, il s’avance élégamment jusqu’au pupitre comme porté par les nuées. Sa gestuelle ne sera que grandes courbes, gestes amples, délicats, dessinant de belles arabesques mais néanmoins précises. Et si l’on pouvait craindre une communication efficace, la musique engendrée viendra anéantir les moindres résistances.
Le concert s’ouvrait sur une Ouverture académique de Johannes Brahms dont on eut pu craindre quelques caricatures. Le tout fut bien nuancé, le chef insufflant une belle allégresse à cette pièce roborative. Les cordes furent suaves, l’Orchestre de la Suisse Romande sonnant très homogène, souple, avec une large palette de couleurs et de dynamiques. A noter les belles interventions au 3ème cor d’Alexis Crouzil, inspirant de musicalité, bien relayé tout le long de ce concert par le pupitre emmené par le musical Jean-Pierre Berry, cor solo.
S’ensuivait la Rhapsodie sur un thème de Paganini de Sergeï Rachmaninov interprétée par le pianiste macédonien Simon Trpčeski. Ce cycle de 24 variations est une pièce aujourd’hui fort jouée, mais néanmoins diabolique tant elle recèle de difficultés pianistiques. L’introduction fut amenée de manière assez anodine, avec un piano assez suave, homogène. Le pianiste ne démérite pas, bien au contraire, cependant on ne sent pas bien le fil conducteur et peut-être est-il un brin trop sage. Les phrasés sont beaux, mais la vision du soliste, ou peut-être les moyens, semblent un peu étriqués compte tenu de l’effervescence de cette pièce. Son piano, face à un orchestre tout de même assez ample, semble un peu tenu, en manque d’une dose d’extravagance.