Comment rendre toute l’authenticité des pièces d’Arvo Pärt dans une église baroque de Poznan un samedi soir frileux ? C’est le défi que s’est fixé le chef Adama Banaszaka pour le dernier concert du Festival Nostalgia qui vient de se terminer à Poznan. Accompagné du Chamber Choir Collegium Musicale et de son chef Endrika Üksvära, de l’organiste Jakub Pankowiak et de l’orchestre Kameralna l’Autunno de Poznan, le chef d’orchestre a offert au spectateur une très belle soirée qui mettait à l’honneur la musique de Pärt. Joli cadeau fait au compositeur pour ses 80 ans donc, autant dans l’interprétation que dans l’effort de mise en espace.
C’est avec An den Wassern zu Babel ßaen wir und weinten, que débute cette épopée Pärtienne. C’est donc à cappella que les premières notes s’élèvent dans l’église. La qualité de ce chœur estonien est très appréciable dés le début du concert. Chaque pupitre entre en scène à tour de rôle accordant une place très importante aux nuances et aux contrastes présents dans la partition de Pärt. On est donc mis au parfum dés le début : c’est avec un certain recueillement propre à Arvo Pärt que le spectateur assiste au concert.
C’est ensuite la pièce Alleluia-Tropus qui est donnée. Pour celle-ci, seuls 4 chanteurs, dont le chef de chœur qui assure alors le rôle de ténor, restent sur scène. C’est ici une des plus belles pièces qui nous est offerte ce soir. La sensibilité de chaque chanteur rend chaque son plus précis les uns que les autres. La capacité d’écoute de chaque soliste est un vrai hommage rendu à l’art polyphonique. La pièce est pourtant loin d’être facile. Minimaliste, l’utilisation d’un nombre extrêmement restreint de notes crée paradoxalement une ambiance très intimiste dans cette grande église baroque, surchargée de décors rococos.
Le chœur revient au complet pour Summa et Zwei slawiche Pslament. Ce sont de véritables dialogues qui se mettent en place entre les 4 différents pupitres. Les sons aériens, semblent flotter dans l’église, comme suspendus. La diction du choeur est également à souligner. Chantant en allemand, en anglais ou encore en latin, la prononciation est toujours aussi impeccable.