Dans le cadre du Nordic Festival qu’organisait Bozar du 10 au 20 octobre et qui proposait de beaux exemples de la création musicale dans les pays nordiques du Moyen-Âge à nos jours, le Belgian National Orchestra ne demeura pas en reste, mettant à son programme les trois plus illustres compositeurs de la Finlande, de la Norvège et du Danemark.
Placés sous la direction enthousiaste du chef danois Michael Schønwandt que l’on revoit toujours avec plaisir à Bruxelles, les musiciens de l’orchestre national se sont montrés en excellente forme dans la version rutilante et sonore de l’ouverture Karelia op. 10 de Sibelius qui ouvrait la soirée.
Accueillie triomphalement par un public gagné d’avance à sa cause, la star géorgienne Khatia Buniatishvili fait ensuite son entrée pour le concerto de Grieg, œuvre qui exige non seulement une technique pianistique à toute épreuve mais également de grandes qualités de poésie, de fraîcheur et d’imagination. La soliste attaque l’introduction sans peur dans un forte assez laid avant de se reprendre en s’intégrant très bien dans un orchestre jouant avec beaucoup de caractère. La technique digitale très sûre de Buniatishvili lui permet de s’attaquer aux cascades d’accords de la partition ainsi qu’aux pièges de la cadence avec beaucoup d’assurance, même si les octaves finales sonnent comme autant de coups de trique.
En dépit de la sincérité indéniable de la soliste qui évite toute affectation, le mouvement lent se révèle ensuite sans aucune magie sous ses doigts. Dommage : derrière le piano, le chef met très bien en valeur les excellents bois de l’orchestre. Quant au finale où on attendait un irrésistible entrain rythmique, Buniatishvili déçoit à nouveau par un son terne et une approche désespérément prosaïque, voire brutale. Énergique et volontaire, la musicienne a beau réussir brillamment les épreuves techniques imposées par la partition, l’ensemble reste désespérément dénué de toute subtilité, qu’il s’agisse du timbre (tout ce qui est forte ou plus est invariablement laid de sonorité) ou de l’organisation du discours (phrasés, nuances, respirations…).
Chaleureusement applaudie par le public de la Salle Henry Le Bœuf, Khatia Buniatishvili offre en bis un inattendu Clair de lune de Debussy, interprété avec beaucoup de sobriété et – enfin – quelques beaux moments de poésie.