Embarquement immédiat pour la croisière 2017-2018 de l’Auditorium : entre The Ship of Ishtar du jeune compositeur associé Guillaume Connesson, La Mer de Debussy, mais aussi le Concerto pour violoncelle n° 1 de Saint-Saëns et La Valse de Ravel, une séduisante unité stylistique s’est faite entendre ce samedi à l’Auditorium de Lyon. Le concert d’ouverture annonce une programmation colorée dont l’exécution en finesse et maturité résulte tout d’abord de l’interaction fusionnelle entre l’ONL et son chef Leonard Slatkin. De son côté, l’archet subtil de la violoncelliste Sol Gabetta, artiste associée, a donné envie de l’écouter encore dans Bach, Beethoven, Brahms, Britten, Chopin et Martinu d’ici juin prochain.
C’est une Symphonie en quatre tableaux pour orchestre à cordes que ce bateau sur lequel nous emporte Guillaume Connesson (*1970). The Ship of Ishtar, créé en 2009 par l’Orchestre d’Auvergne, se présente comme une œuvre très narrative, non seulement par son pré-texte, la nouvelle d’Abraham Merritt, mais aussi par sa structuration interne : aux portraits très contrastés de Klaneth, prêtre noir du dieu mortifère Nergal, et de Sharane, prêtresse de la déesse de l’amour Ishtar (I et II), suivent la découverte de l’Île des magiciens et un finale de variations et de synesthésies associant les polyphonies aux couleurs.
Du bateau, on passe à la surface aquatique avec les Trois esquisses symphoniques de Claude Debussy qui composent La Mer, très nuancée et bien mise en relief ce soir. « De l’aube à midi sur la mer » amène de grandes vagues, la brume matinale, l’écume, sur la pointe de laquelle les harpes font étinceler le soleil. Navires, les vents de l’orchestre s’embarquent majestueusement avec le capitaine Slatkin. Est-ce que ce voyage nous emporte jusqu’en Mer de Chine ? Quelques accords de harpe le laisseraient à penser. Le « Jeu de vagues » est d'une gaîté légère : les cordes montent et dégringolent, avant que ne s’annonce le grondement d’un « Dialogue du vent et de la mer » qui est nettement moins réconfortant. Tempête ou grande faille maritime, on ne saurait dire, mais les cordes graves et les timbales font poindre une angoisse sourde, jusqu'à ce que tout soit happé par une houle finale comme Leonard Slatkin sait les sculpter, digne de celles qui s’abattent sur la digue du Tréport ou de Dieppe aux grandes marées de l’équinoxe.