Après dix ans d’absence, La Somnanbula de Bellini, opéra composé en 1830 et surfant sur la vague du romantisme et des sciences occultes, est enfin repris au Théâtre des Champs-Élysées avec un distribution dominée par Sabine Devieilhe, touchante et sublime Amina.
Sur un livret très simple - un couple d’amoureux va se marier mais la jalousie du fiancé retarde les noces - et sur fond de somnambulisme de la fiancée, Bellini a su construire un opéra où le beau chant triomphe. Virtuosité des vocalises, piqué des notes, trilles, longueur du souffle… constituent une partition d’excellence qui laisse peu de place à l’approximation.
Sur le plateau du Théâtre des Champs-Elysée, et malgré la version concert de l’opéra, Sabine Devieilhe interprète une Amina fragile, sensible aux compliments du comte Rodolfo, mais amoureuse de son fiancé Elvino, dans les touchantes et réalistes scènes de somnambulisme. S’il semble étrange qu’elle se dirige dans son sommeil vers la chambre du Comte, Sabine Devieilhe vit son personnage et le sublime par sa colorature, sa très belle tenue des aigus et le son cristallin de sa voix. La mélancolie de l’air « Ah non credea mirarti » nous fait sortir progressivement d’un songe et les couplets de « Ah non giunge » sont également de toute beauté.
A côté d’elle, les autres chanteurs peinent un peu à trouver leur place. John Osborn interprète un Elvino jaloux et versatile – il s’apprête à sa marier avec Lisa quand il comprend qu’Amina est somnambule – très centré sur lui-même. Il excelle toutefois dans les pianissimos du premier acte et la douceur de son interprétation fait en creux ressortir le rôle d’Amina. Dommage qu’il semble rester à l’extérieur de son personnage.