Le Festival Malta à Poznan a présenté en juin la création d’un opéra, La Montagne Magique, commande de la Fondation Malta. Cette œuvre est une adaptation ou plutôt une lecture de la Montagne Magique de Thomas Mann et après avoir été présentée au Festival « Sacrum Profanum » de Cracovie en septembre, c’est au tour du Centre Culturel de Katowice de soutenir cette création. On y était. La représentation a lieu dans le Palais des Congrès, face à la nouvelle Philharmonie de Katowice.
Quatre acteurs majeurs ont permis la création de cet opéra : Malgorzata Sikroska-Miszczuk et Andrzej Chyra qui ont travaillé sur le livret, Pawel Mykietyn qui a composé la musique et Miroslaw Balka qui s’est chargé de la mise en scène. Une idée leur était commune dès le départ : le but n’était pas de traiter de l’œuvre de Thomas Mann stricto sensu, mais bien d’en donner une certaine interprétation. En effet adapter l’œuvre de Mann en opéra semble impossible. Cependant ces certitudes sont brouillées pendant toute la représentation.
Ainsi, le premier acte correspond complètement à l’intrigue initiale. Le jeune ingénieur Hans rend visite à son cousin Joachim dans un sanatorium situé dans les montagnes. Dès qu’il arrive, Hans semble comme happé par ce lieu au caractère magique, qui le convainc de rester sur place et de se préoccuper lui aussi de sa santé.
Les choix musicaux sont ici très intéressants. La musique que l’on entend est uniquement électronique. Le chef d’orchestre, Adama Banaszaka, muni de son casque audio donne donc davantage les départs aux chanteurs qu’à la musique, programmée sur ordinateur. La partition est très minimaliste et rend donc très bien du caractère inquiétant de la Montagne Magique.
Le meilleur exemple est l’ouverture de la pièce. Le rideau se lève sur un décor très épuré, à l’image de la musique donnée. Hans est seul sur scène. Son manteau, bonnet et écharpe nous indiquent qu’il arrive tout juste dans le sanatorium. La note la plus aiguë du piano retentit. Long silence. Puis c’est au tour de la note la plus grave de se faire entendre. Long silence. Les minutes passent et seules ces deux notes sont jouées de manière de plus en plus resserrée. Ce choix musical, très astucieux, nous familiarise dès le début avec l’atmosphère lourde et inquiétante de la Montagne Magique.