Près de 42 ans après la création de l’oeuvre Les Fiançailles au couvent en langue française, sous la baguette de Michel Plasson à Strasbourg, le Théâtre du Capitole accueillait l’oeuvre du compositeur russe dans sa nouvelle version échaffaudée et présentée lors du début d’année 2011. Pour certains, c’était l’occasion de retrouver une même équipe, quoique légèrement remaniée, et pour d’autres de découvrir cette oeuvre de Serge Prokofiev. Comme en 2011, l’Orchestre et les Chœurs du Capitole étaient réunis sous la baguette de Tugan Sokhiev. Comme en 2011, l’équipe s’articulait autour de Michel Ducan (metteur en scène) entouré d’Alison Chiotty (décors et costumes), Paul Pyant (lumières) et Ben Wright (chorégraphie). Seul le plateau présentait de nouveaux visages pour certains rôles.
Composé en pleine Seconde Guerre Mondiale, l’opéra aborde pourtant un sujet léger et drôle – ce qui est parfaitement mis en avant par les artistes. Promise à un mariage de raison ayant pour but de réunir les entreprises de son père commerçant Don Jérôme avec un autre marchand de poisson à la barbe grisonnante Isaac Mendoza, Louisa échaffaude avec sa nourrice, puis avec son amie Clara d’Almanza, un millefeuille de quiproquos qui leur permet in fine d’épouser ceux qu’elles désirent contre l’autorité parternelle. De la trépignante basse de Mendoza, sautant d’octaves en octaves tout en imitant les poissons dans l’eau, au transit Don Ferdinand amoureux de Clara, d’un Antonio sans le sous jouant la sérénade sous la fenêtre de Louisa à Don Jerôme et ses grands chevaux, toute la gente masculine, si sûre d’elle et suffisante, est tournée en ridicule et ne comprends absolument rien de ce qui se trâme.
L’aspect très minimaliste des décors est compensé par un mouvement toujours constant sur scène de la part des chanteurs, ou des danseurs sur les longs passages purement instrumentaux. Durant l’entracte, les ouvriers restent sur les planches et grimpent aux échelles. L’orchestre dirigé par Tugan Sokhiev participe à l’exagération des personnages mais prenait toujours garde à ne pas les masquer.