Nous consacrons le mois de Janvier à la musique contemporaine avec une série d'entretiens auprès de solistes d'ensembles spécilalisés. Aujourd'hui, nous rencontrons Jocelyne Roy, flûtiste au Nouvel Ensemble Moderne de Montréal.
Pourquoi avez-vous décidé de vous spécialiser dans le répertoire contemporain ?
Lorsque j’étais étudiante au conservatoire de musique de Montréal, j’ai fait la rencontre de Véronique Lacroix (direction musicale et artistique de l’Ensemble Contemporain de Montréal ECM+). Elle m’a initiée à la musique contemporaine durant mes études et je suis devenue membre de son ensemble de 2006 à 2008.
Suite au départ du flûtiste Guy Pelletier au sein du Nouvel Ensemble Moderne, j’ai tenté ma chance et obtenu le poste. Maintenant membre depuis décembre 2008, j’ai toujours le même désir d’apprendre et surtout de faire des rencontres merveilleuses.
Ce qui m’enchante le plus, c’est de rencontrer les compositeurs. Ils sont bien vivants, allumés et nous avons besoin de l’un et l’autre pour avancer.
Étant installée à Montréal, je ne peux vivre que de la musique contemporaine, et c’est tout un avantage puisque je fais autant de répertoires baroque, classique que contemporain. J’ai besoin de cet équilibre, qui selon moi est essentiel.
Est-il plus difficile d'interpréter la musique contemporaine que le répertoire classique ? Par exemple, est-il plus difficile de maîtriser certains aspects techniques ?
Non ! Je dirais même que parfois la musique contemporaine est beaucoup plus simple seulement parce que c’est la musique de notre temps et que les compositeurs notent tous les détails nécessaires afin de bien comprendre le texte musical. Tandis que pour la musique dite baroque ou classique, nous nous basons sur des traités d’interprétation, de la tradition de l'époque et de multiples enregistrements qui peuvent être parfois très différents les uns des autres. Souvent les partitions de musique classique nous offrent très peu d'information et nous devons faire une recherche pour défendre l’interprétation, et une partition de musique contemporaine contient souvent même trop d'information !
Ce qui pour moi a été plus difficile avec la musique contemporaine, ce sont les différentes techniques d’embouchure. Comme notre formation classique exige un contrôle impeccable en termes de sonorité pure et claire, j’ai dû faire place à un « lâcher prise » et m’approprier tous les sons tout en gardant ce control si précieux !
Pensez-vous que votre approche de la musique soit similaire, par certains aspects, à celle des ensembles de musique ancienne ?
Oui ! Toute musique, qu'elle soit classique ou contemporaine, demande une approche très similaire. La musique est un langage qui a pour but de communiquer. Apprendre une œuvre contemporaine ou ancienne exige de moi les mêmes questions : forme, structure, phrasé, gestes, organisation. Peu importe la musique, je la chante toujours. Mon corps a besoin de comprendre, de sentir et de « posséder » un geste, une phrase ou une section avant tout. Ensuite c’est le travail technique.
Est-ce que la réponse du public face à la musique contemporaine a changé ? Est-ce différent dans chaque pays ?
Peu importe le temps, je crois que la réponse du public général a toujours été un peu froide face à la musique contemporaine. J’y suis depuis une dizaine d’années et ce que je constate c’est le manque d'éducation face à la musique en général.