Le Ballet de l’Opéra de Lyon est de retour au Théâtre de la Ville avec quatre œuvres contemporaines, dont une création : Xylographie (2016) de Tânia Carvalho, Sunshine (2014) d’Emanuel Gat, Black Box (2013) de Lucy Guerin et One Flat Thing Reproduced (2000) de William Forsythe. Cette nouvelle tournée du Ballet de l'Opéra de Lyon donne une vue d’ensemble sur une compagnie au savoir-faire résolument contemporain et au répertoire exploratoire, ancré dans le présent de la chorégraphie.
Le spectacle s’ouvre sur Xylographie, création inédite de Tânia Carvalho qui interroge le procédé de xylographie, la réplication d’une image par surimpression. A travers des tableaux de groupe et de longues files humaines, la chorégraphe suggère la propagation du mouvement, diffracté en plusieurs séries de gestes décalés. Bien que la recherche conceptuelle autour de cette création soit intéressante, son aboutissement chorégraphique paraît brouillé. Dans des costumes inutilement laids, dont les semblants de plumes évoquent une indianité hors de propos, les danseurs déploient une gestuelle animale, acérée et agile, qui leur donnent des airs d’oiseaux malfaisants. Les crissements de l’habillage sonore d’Ulrich Estreich amplifient cette dimension inquiétante. Xylographie s’apparente ainsi davantage à une danse macabre ponctuée de poses collectives, reflétant peu le principe de décomposition photographique, et se perd dans une étrange vision aviaire.
Sunshine, d’Emanuel Gat, fait preuve de plus de simplicité. Créée en 2014 à partir d’improvisations de jeunes artistes de la compagnie, la chorégraphie a des allures de répétitions en studios. Les danseurs en joggings et chaussettes glissent sans jamais s’interrompre dans une respiration très naturelle. La bande-son, qui rassemble plusieurs morceaux d’Haendel, est entrecoupée des commentaires enregistrés des musiciens s’exerçant sur la partition. Véritable mise en abyme du spectacle, Sunshine fait donc office de démonstration du Ballet de l’Opéra de Lyon dans sa jeunesse et son inventivité.