Foule des grands soirs au Grand Théâtre de Genève pour assister à la première de cette fameuse Belle Hélène, œuvre phare d'Offenbach composée sur un livret de Meilhac et Halevy et créée le 17 décembre 1864 au Théâtre des Variétés à Paris.
Le livret, jugé à l'époque osé, a été modifié pour plaire à la censure, sans pour autant soustraire les éléments comiques allusifs, érotiques et politiques. Aujourd'hui cette Hélène se retrouve sur un dock du Pirée.
Calchas campé par Patrick Rocca, sort d'un container transformé en étal de boucher en guise de temple sacrificiel, et se plaint du manque d'offrandes. Le roi Ménelas de Raúl Giménez est plus passionné par ses maquettes de navires que par sa femme. Oreste, interprété par Maria Fiselier, se transforme en une Conchita Wurst menant le bal au bordel du port, affublée de Parthenis et Leoena, bien jolies pépées.
L'Ajax I de Fabrice Farina se démarque des nombreux seconds rôles par un personnage de banlieue mi-rapeur mi-racaille camée savoureux à souhait ! Véronique Gens, dans le rôle-titre, joue la nymphomane un brin désabusée, tuant son ennui comme elle peut... En déshabillé ou affublée d'une parka qui perd ses plumes évoquant le manque de vertu de la reine, Hélène est plus femme qu'épouse : « Il nous faut de l'Amour ! » dit-elle dès le début. La soprano, plus à l'aise dans la tragédie, délicieuse dans la vocalise de « L'homme à la pomme » reste moins comique dans l'âme et on ne peut que songer à l'illustre Felicity Lott qui campa une Hélène mémorable.