Une belle troupe au service de l’opéra-comique Les Caprices de Marianne d’Henri Sauguet posait ses valises à l’Opéra de Rennes cette semaine avant de continuer sa grande tournée française. Cet opéra en deux actes nous conte le sentiment humain : l’amour, la jalousie, les caprices, la fierté, et non pas la trahison mais la peur d’être trahi par ses amis.
La jeune Marianne est mariée et se veut très fidèle au magistrat Claudio. Le timide Coelio tombe amoureux de la belle mais n’ose l’approcher. C’est alors son grand ami Octave qui se charge d’être l’intermédiaire. Elle accepte finalement un rendez-vous galant pour contrer son mari qui la pense infidèle mais ses sentiments vont à l’entremetteur. Celui-ci envoie tout de même le jeune amoureux au lieu de rencontre, qui se fait alors assassiner par le mari jaloux. Marianne, soulagée de voir Coelio tué et non Octave, lui demande de fuir avec elle. Malheureusement, l'argument se termine sur cette terrible phrase : « Je ne vous aime pas Marianne, c’était Coelio qui vous aimait ».
La pièce d’Alfred de Musset a été arrangée par le jeune librettiste Jean-Pierre de Grédy à la demande d’Henri Sauguet, le compositeur, dans le but de mettre ces différents sentiments en musique. Cette œuvre, créée en 1954, sublime le texte grâce notamment à l'emploi récurrent d'un genre qui se situe entre l’aria et le récitatif, l'arioso. En effet, les chanteurs se plient à un exercice exigeant et le réussissent parfaitement. Nous pouvons souligner, sur le plateau vocal présent à Rennes, une parfaite diction nous permettant ainsi de suivre cette conversation musicale sans avoir à nous concentrer sur le surtitrage.
Marc Scoffoni incarne un Octave joyeux, énergique, avec un timbre chaleureux et puissant, tandis que Cyrille Dubois donne au personnage de Coelio toute son envergure romantique. Jean-Vincent Blot prête sa ronde voix de basse à la duègne, apportant une agréable touche de drôlerie, tant musicale que scénique. Aurélie Fargues, elle, nous démontre bien le changement d’humeur de la belle, douce et fidèle Marianne qui par orgueil face à son mari accusateur nous montre différents visages. Mais c'est surtout le personnage d'Hermia, superbement interprété par Julie Robard-Gendre, qui emporte l'adhésion. Elle donne à son rôle toute la puissance dramatique d'une mère inquiète pour son fils, Coelio, et concentre ainsi le propos de l'opéra.