Programme avenant par l’Orchestre National de France, le pianiste David Fray, et l’illustre beau-père, Riccardo Muti, de retour au pupitre après une opération qui l’avait contraint à annuler plusieurs concerts. Le plus rare Aus Italien de Richard Strauss y succédait à un Concerto pour piano de Schumann d’honnête facture.
Va tutto bene, aurait-on envie de dire ! Pourtant, l’exécution du Concerto pour piano en la mineur de Schumann ne convainc pas toujours. Exposé paresseusement par un hautbois à la sonorité néanmoins fondante, le fameux thème va se dégourdir au fil de l’Allegro affetuoso initial, gagnant peu à peu en hardiesse. Immanquablement, Riccardo Muti veille à l’équilibre général ; tout est mis au service du soliste au point que l’orchestre finit par s’en trouver un brin languissant. Le jeu de David Fray laisse entendre de précieuses qualités, le sens du phrasé n’en étant pas des moindres, de même qu’une écoute que l’on devine irréprochable, ou encore le moelleux très amorti du son, ne cédant jamais au fracas. La virtuosité s’impose dans le Finale, plus rêche, qui ménage certains agréables passages sans pédale. Après le remarquable dialogue entre soliste et orchestre au début du deuxième mouvement, le pianiste semble désormais s’en désintéresser. Malgré une tentative de porter plus loin la recherche de couleur, en particulier dans certains tressages aériens de toute beauté, les ruades répétées du pianiste affaiblissent le discours et rompent la communion avec l’orchestre. Rattrapé par ses mimiques gouldiennes, agitant les coudes comme s’il repoussait des assaillants, l’ivresse musicale semble également pousser David Fray à presser le tempo. Ayant à subir de légères bousculades, ainsi qu’une malvenue saignée, l’Orchestre National de France accuse quelques semblants d’approximations, ce qui fragilise la grande récapitulation thématique de l’Allegro Vivace, celle-là même qui assure à l’œuvre son unité.