Belle idée que de commencer, avant l’entracte et le très attendu Stabat Mater de Pergolèse, par proposer à un auditoire agité un panorama de la musique baroque napolitaine. Cadre plus que bienvenu pour mieux saisir les subtilités de ce petit chef-d’œuvre intimiste, ce choix de trois œuvres permit non seulement de présenter d’autres pages que celles, un peu rebattues, de Vivaldi, mais également de prouver les grandes qualités d’interprétation de l’Ensemble Amarillis. La direction partagée de Violaine Cochard, au clavier, d’Héloïse Gaillard, flûte et hautbois, et d’Alice Piérot au violon, s’avéra particulièrement pertinente à la fois pour lier le tout, et laisser les émergences solistes sonner gracieusement.
Ainsi le Concerto n°1 en fa mineur de Francesco Durante, tout à la fois élève de Scarlatti et professeur de Pergolèse, mit l’eau à la bouche le temps d’un Poco andante plus qu’efficace : tout en marches unitonales d’école, aux tiraillements et chromatismes malgré tout intéressants, jouissant d’une tonalité enfin avérée et de résolutions originales, il s’enchaîna sur un Allegro solide, pour mieux éclater dans l’Andante, le doux Amoroso et son glorieux final.
La Sonate n°14 en sol mineur de Francesco Mancini, contemporain plus direct de Scarlatti, bien moins connu néanmoins, permit à Héloïse Gaillard de briller dans des parties solistes qui ne disaient pas leur nom : les parties concertantes du Comodo, la solide fugue à l’italienne en forme de trompe-l’oeil de l’Allegro, les jolis échanges du Larghetto et le panache de l’Allegro final, évoquaient effectivement davantage un concerto pour flûte à bec qu’une simple sonate.
Le lien avec les pré-classiques fut également intelligemment amorcé par le Concerto grosso n°3 en fa majeur d’Alessandro Scarlatti : la cohésion de l’Allegro, le lyrisme du Largo, l’émergence tout à la fois de la basse continue et du violon propulsé, par endroits, soliste, l’apparition d’unissons préfigurant Mozart, mais également le sens aigu des contrastes, les procédés imitatifs, et la ferveur du Finale placèrent effectivement ce Concerto grosso à la croisée d’un baroque n’ayant plus grand chose d’une « seconda practica » et de la naissance, proche, de la manière classique.