La Capella Mediterranea, le Chœur de Chambre de Namur et l’ensemble Clématis se sont réunis, sous la direction de Leonardo Garcia Alarcón, à la Chapelle Royale de Versailles pour nous faire voyager entre l’Espagne, le Portugal et l’Amérique du Sud.
Dès les premières notes du concert, les musiciens ont su nous surprendre grâce à une arrivée depuis l’entrée de la nef, menée tambour battant et accompagnée d’un chant de procession en usage dans le rituel catholique péruvien au XVIIe siècle, Hanacpachap cussicuinin, la première polyphonie publiée en langue quechua. L'ambiance était donnée et le public déjà conquis. Les différentes pièces se sont enchaînées dans une écoute quasi religieuse, le public s’interdisant d’applaudir pour ne pas briser la magie de ce concert.
Le programme était constitué d’un mélange de musique sacrée – telle que le Magnificat de Francisco Correa de Araujo (1584-1654) ou le Salve Regina de Juan de Araujo (1646-1712) et celui de Thomas Luis de Victoria (c. 1548-1611) – et profane, comme La Bomba de Mateo Flecha (1481-1553) ou encore Romerico Florido de Matheo Romero (c. 1575-1647). Toutefois, toutes les pièces, ou presque, tenaient de la musique religieuse, les compositions sacrées puisant dans les harmonies de la musique populaire d’Amérique du Sud et les partitions profanes prenant pour sujet le thème de la Nativité. En effet, si les compositeurs Espagnols et Portugais partis à la conquête du Nouveau Monde aux XVIe et XVIIe siècles ont apporté avec eux leurs instruments (violon, luth, guitare et harpe notamment) ainsi que la tradition musicale occidentale polyphonique, ils ont également su s'inspirer des traditions locales pour inventer une musique religieuse à la fois profonde et jubilatoire. C’est cette absence de frontière entre sacré et profane, entre la vie dans l’église et hors de l’église, qui fait la spécificité de ce répertoire baroque d’outre-Atlantique, encore largement méconnu aujourd’hui. En effet, parmi les compositeurs mis à l’honneur, si quelques noms n’étaient pas inconnus, comme Juan de Araujo, Matheo Romero et Tomas de Torrejon y Velasco (1644-1728), d’autres, comme Gaspar Fernandez (1565-1629) et Diego José de Salazar ( ?-1709) étaient, pour la grande majorité des auditeurs, de véritables découvertes.