L’excellence de l’interprétation peut-elle faire oublier l’incohérence de la construction d’un programme ? En ce vendredi soir à Bozar, le Belgian National Orchestra avec Hugh Wolff à sa tête semble nous démontrer que oui. Véronique Gens aura également su tirer son épingle du jeu à travers de somptueux Rückert Lieder.
La présence de la Symphonie n° 34 de Mozart en ouverture de programme demeure tout de même étrange. L’orchestration classique et la grande homogénéité de l’ensemble contrastent un peu trop avec les pièces qui suivront. On peut cependant louer les qualités de timbre et d’élégance du discours qui caractérisent une interprétation mozartienne de belle facture, même si légèrement trop sage à notre goût.
En deuxième partie de concert, l’ouverture de Béatrice et Bénédict de Berlioz et la Symphonie « italienne » de Mendelssohn n’auront, quant à elles, rien de sage. La rhétorique nerveuse et brillante du compositeur français possède de nombreux points communs avec son homologue allemand. L’empressement et l’espièglerie de l’ouverture font écho au Saltarello de la symphonie, tout comme son lyrisme et sa légère noirceur trouvent une correspondance avec les autres mouvements. Sur le podium, Hugh Wolff préfère cependant se concentrer sur la précision de l'ensemble, sans encourager excessivement l’héroïsme rutilant qui peut émaner de l'Allegro vivace qui ouvre la symphonie. Et même quand le tempo du finale mendelssohnien s’emballe, dans une virtuosité qui donnerait presque le tournis, les violons et les flûtes restent imperturbables. Le chef américain aura su ménager un bel équilibre entre les différents pupitres, évitant ainsi l’aspect redondant que l’on peut attribuer à cette œuvre, en offrant de forts contrastes et de belles saillies de clarinette ou de cor.