Le Théâtre des Champs Elysées était bien clairsemé lundi 1er juin pour un concert qui était pourtant l'occasion d'accueillir un ténor wagnérien acclamé sur les scènes d'opéra internationales et l'un des chefs d'orchestres les plus prometteurs actuels.
La première partie du concert était intégralement consacrée à Richard Wagner. De Parsifal, l'orchestre symphonique de la ville de Birmingham donnait tout d'abord un « Enchantement du Vendredi saint » qui offrait de belles couleurs orchestrales, avec une belle fusion des timbres entre bois et cordes. L'extrait est néanmoins quelque peu décevant, et en tout cas pas au niveau du moment mystique qu'il constitue dans l'opéra. Il faut reconnaitre que ces extraits de Parsifal, sortis de leur contexte sont moins émouvants qu'à la scène. C'est le cas du monologue du 2ème acte « Amfortas, die Wunde » dans lequel le héros, après le baiser de Kundry, ressent la douleur de la blessure d'Amfortas. Vogt y fait preuve d'une belle ligne de chant, mais ne semble pas aussi torturé qu'on l'attendrait. Dans l'air suivant « Nur ein Waffe » il déploie de magnifiques sonorités, grâce au talent de Nelsons qui contient remarquablement l'orchestre. Celui-ci se déploie ensuite dans un remarquable prélude du 3ème Acte de Lohengrin, très enlevé et dans lequel la direction expressive du chef letton fait merveille. On apprécie tout particulièrement des cuivres intenses et brillants sans être clinquants.
La voix de Klaus Florian Vogt peut faire débat dans le rôle de Parsifal, qu'on est en droit d'apprécier avec des sonorités plus sombres ou un timbre plus large. En revanche, son timbre clair, lumineux fait merveille dans le rôle de son fils, le chevalier au cygne blanc Lohengrin, rôle dans lequel il a triomphé à Bayreuth et sur les grandes scènes mondiales.
Dans le premier extrait « Höchstes Vertrauen » le ténor déploie une très longue ligne de chant, et la clarté de son timbre n'empêche pas une belle expressivité, culminant dans un « aus Glanz und Wonne komme ich hier » absolument rayonnant. Mais c'est surtout dans le récit du Graal « In fernem Land » soutenu par des cordes aux pianissimis quasi-transparents qu'il finit de conquérir la salle, rendant particulièrement bien la noblesse du héros resté pur, et déployant un aigu très assuré et triomphant.
Sous les applaudissements enthousiastes du public, Klaus Florian Vogt donne en bis le chant du printemps « Winterstürme » de La Walkyrie. Dans cet air, il bénéficie d'une atmosphère quasi-chambriste grâce au talent de Nelsons, qui en allégeant l'orchestre lui permet de ne pas forcer dans un air quand même assez lourd pour un timbre aussi clair. Ce Siegmund là est très contemplatif : il manque un peu de corps et d'épaisseur, et l'on se met alors à avouer sa préférence dans ce rôle pour d'autres voix du passé (Vickers) ou du présent (Kaufmann).