Il est 20h en ce vendredi 29 septembre et la chaleur estivale bat toujours son plein à l’Opéra de Nice Côte d’Azur. Le public est largement au rendez-vous pour accueillir comme il se doit le premier ouvrage de la saison : Lakmé, chef-d'œuvre lyrique de Léo Delibes dont le livret, qui porte sur l’Inde coloniale du XIXe siècle, n'empêche pas la partition de transcender les frontières du temps et de l'espace. Proposée il y a un an à l'Opéra-Comique, la mise en scène de Laurent Pelly reprise ici par Luc Birraux transporte le public vers un univers japonisant, mettant en lumière l’artisanat nippon, entre pans de papiers manipulés à la main et autres ombres chinoises.
Le rideau s’ouvre sur un décor minimaliste composé de pans de papier de riz. Comme pour rappeler le théâtre kabuki, le peuple de Lakmé se distingue par un visage maquillé de blanc. Les artistes en prise de rôle (la distribution étant différente de la représentation parisienne) entrent alors en scène. Dès le départ, Kathryn Lewek brille par sa voix cristalline et sa capacité à exprimer les nuances émotionnelles du rôle-titre. Au fur et à mesure de l’avancement de l’intrigue, sa prestation gagne en fluidité jusqu’à toucher son apogée lors du célèbre air des clochettes.
Toute sa prestation durant, elle fait preuve d’une belle énergie, restant systématiquement engagée malgré l’immense difficulté de la partition qui se joue bien souvent dans l’extrême aigu de sa tessiture. On est toutefois surpris quant à sa représentation visuelle : si l’affiche du spectacle nous promet une Lakmé hindoue, la soprano se révèle blonde et pauvrement vêtue. L’exotisme et le métissage pourtant phares dans l’ouvrage se montrent effacés ; cela se ressent tout particulièrement lors des duos d’amour, où les deux protagonistes paraissent appartenir au même peuple.