Un voyage au plus profond de notre inconscient, une exploration des royaumes de la nuit et des rêves, des méandres de l’amour et de la haine : c’est l’expérience imaginaire et poétique qu'ont proposée Marlis Petersen et Stephan Matthias Lademann au public de Bozar.
À travers un choix de lieder et de mélodies datant de la fin du XIXe siècle, la soprano allemande nous mène dans son monde intérieur pour mieux interroger le nôtre. Elle a choisi de regrouper les textes par thématiques, allant de la mélancolie nocturne à la naïveté amoureuse, et décide d’enchaîner les pièces très rapidement, comme s’il s’agissait d’un même flux de pensée. Il en ressort une cohérence évidente de par l’alchimie et la complicité sûres des deux artistes mais également par l’extraordinaire élocution de Marlis Petersen (certes bien plus évidente dans la langue de Goethe que dans celle de Molière) qui tisse un discours d’une grande clarté.
Pour nous tenir délicatement la main lors de ce voyage, elle n’hésite pas à prendre régulièrement le micro pour simplement nous faire part de ses propres impressions et de ses questionnements quant à ces sentiments : pourquoi la nuit est-elle si évocatrice de la mélancolie, pourquoi l’amour est-il associé à la langue française, pourquoi refoule-t-on si férocement la haine que l’on peut parfois ressentir ? Ces mots pourraient sembler superficiels voire superflus, pourtant lorsqu’ils sont dits avec l’empathie et la sincérité de Marlis Petersen, ils résonnent parfaitement avec les poèmes de Henckell ou d’Eichendorff et permettent d’en exprimer des facettes plus intimes. Pour illustrer sa démarche, la soprano allemande ira jusqu’à citer le titre d’un ouvrage de son compatriote, l’écrivain allemand Richard David Precht : « Qui suis-je et, si je suis, combien ? » – phrase qui fera sourire le public mais qui interroge encore davantage la nature de notre monde intérieur.