C’est avec un grand plaisir que nous retrouvons l’Opéra des Nations , ses planches de bois, sa belle acoustique et cette proximité avec les chanteurs, pour cette nouvelle production du Médecin malgré lui de Charles Gounod mis en scène par Laurent Pelly qui explique dans un entretien pour La Tribune de Genève concernant son travail : « Je n’ai jamais laissé la routine s’installer » !
Et en effet, du routinier, nulle trace dans son travail, imposant dès le début de l’intrigue aux acteurs de se lancer corps et âmes dans un tourbillon d’objets ménagers et utilitaires. Le texte de Molière y trouve sa modernité sans difficulté, tant sa précision est légendaire et le plaisir de la troupe de le déclamer est patent. Martine, toute droite sortie du Père Noël est une ordure se fait bien rosser par son Sganarelle de mari, mais comme dans le film, elle l’aime ! Pris dans le tourbillon de cette farce comique, Sganarelle deviendra médecin malgré lui, Léandre, apothicaire d’occasion, devenu riche héritier, finira par épouser Lucinde… Bref, du grand Molière, qui grâce à une mise en scène efficace, gagne cette modernité souhaitable, avec des acteurs visiblement portés par la fougue et le travail d’acteur de Laurent Pelly.
Le décor de Chantal Thomas est un enchantement de malice et de sobriété, soulignant ce qu’il faut du comique des scènes. Les quelques mouvements de décors sont minimaux lorsque l’on découvre la maison de Sganarelle, puis celle de Géronte. De la modestie de moyens, on retient une action comique renforcée dont la direction d’acteur ne laisse aucune place aux mouvements inutiles ou anodins.
Décor et mise en scène renforcent le vrai plaisir que l’on a à réentendre le texte original lorsqu’il est joué notamment par le Sganarelle désopilant de Boris Grappe qui se détache du reste de la troupe : chez lui tout semble d’un naturel désarmant, que ce soit le jeu, la voix, la déclamation ou le charme. Par ailleurs, son français est parfait et possède un sens du rythme comique qui semble inné.
Côté musique, dès l’ouverture rutilante, on sent un Orchestre de la Suisse Romande palpitant sous la direction alerte de Sébastien Rouland. On retiendra les interventions ciselées des flûtes, bassons et trompettes toujours magnifiquement colorées. L’orchestre sonne bien et on imagine qu’avec quelques représentations, une certaine décontraction et souplesse viendront arrondir quelques angles.