1715-2015… Cette saison, l’Opéra Comique fête ses 300 ans. « 300 ans déjà ! » s’exclame Jérôme Deschamps, directeur de l’institution musicale parisienne depuis 2007. L’Opéra Comique semble en effet plus dynamique que jamais de nos jours, entre « création lyrique » et « valorisation du patrimoine musical français »… La soirée d’ouverture de la saison 2014/2015 se devait de célébrer le tricentenaire de cette si belle scène. Intitulé « Si l’Opéra Comique m’était conté », le gala du jeudi 13 novembre avait pour but de retracer l’histoire du lieu en donnant un aperçu des créations emblématiques de l’Opéra Comique. Une frise chronologique efficace, drôle et bien servie.
L’Opéra Comique s’est fait tout beau pour l’occasion. Tapis rouge déroulé devant le bâtiment, franges dorées suspendues au-dessus de l’entrée, jeu de lumières colorées soulignant l’architecture avec délicatesse (sans parler du foyer apprêté pour le faste souper des mécènes)… C’est bien d’une cérémonie qu’il s’agit. Sur scène, elle prend la forme d’un hommage, une fresque musicale d’un peu plus de deux heures passant en revue les compositions les plus marquantes de la maison, entrecoupée par un récit pris en charge par des comédiens. L’orchestre qui a été choisi pour accompagner les extraits d’opéras est l’ensemble Les Siècles, formation ayant l’habitude de réaliser des projets de nature variée, souvent très intéressants. Il est dirigé par François-Xavier Roth, lui aussi chef réputé.
Quelques notes de Carmen donnent le coup d’envoi de la soirée ; dès lors, les airs et les interludes joués s’enchaînent avec un rythme soutenu, sans que l’on ait le temps de s’ennuyer une seconde. La présentation est effectuée par l’excellent Michel Fau, travesti en une femme drolatique – tour à tour Mme Favart, la secrétaire du directeur de l’Opéra Comique, ou encore une Carmen légèrement défraîchie… Les autres personnages historiques, messieurs Favart, Wagner, Bizet, Offenbach, et d’autres encore, sont incarnés par Christian Hecq, Julien Lubek, et (réjouissante surprise) Jérôme Deschamps… le directeur en personne, venu parodier Pelléas et Mélisande en mimant le rôle féminin avec un sens de l’humour irrésistible !
À l’image du fil conducteur qui structurait le programme en termes de narration et de répertoire, on serait tenté dans ces lignes de reprendre les grandes lignes de l’histoire de la Salle Favart, mais cela serait plus fastidieux qu’exaltant et ne rendrait pas compte de l’élan qui portait la soirée : nous nous contenterons donc de mentionner les dates des œuvres entre parenthèse (libre aux curieux de faire leurs recherches, le site d’archives de l’Opéra Comique étant censé ouvrir d’ici quelques jours). Les premiers passages chantés sont extraits des Troqueurs (1753) d’Antoine Dauvergne et de La Fée Urgèle (1765) de Charles-Simon Favart, afin de présenter au public les jeunes interprètes de l’Académie de l’Opéra Comique ; aucun ne déçoit, cependant leur intervention est trop brève pour qu’on puisse en dire beaucoup plus. Après des pages instrumentales de Richard cœur de lion (Grétry, 1784) et La Dame blanche (Boieldieu, 1825), la soprano Julie Fuchs apparaît drapée des couleurs de la France pour justement présenter un « Salut à la France » (La Fille du régiment, Donizetti, 1840) très convaincant.