Orchestre de Paris / Paavo Järvi

C’est un privilège d’entendre Paavo Järvi créer en France la partition, qu’il a lui-même suscitée, de l’une de ses compatriotes, avant d’enchaîner sur la plus poignante des œuvres pour violoncelle et sur l’une des pages les plus populaires de Bartók.

Née en 1972 à Tartu, Helena Tulve est l’une des voix les plus originales de la musique estonienne d’aujourd’hui, en particulier grâce à la finesse de son travail sur le son. L’événement que constitue la création française de Wand’ring Bark permet d’apprécier comment se mêlent dans son style les apports de l’avant-garde française et un matériau plus traditionnel.

Commençant de manière inusitée par un sombre récitatif du soliste, le Concerto pour violoncelle d’Elgar est une œuvre testamentaire, livrant la quintessence de l’art du chantre anglais. Malgré ses quatre mouvements, dont un sublime Adagio aux accents de requiem, la partition semble condensée, et l’on y a souvent vu, au sortir de la Première Guerre mondiale, une lamentation sur les ruines de l’Europe ou une élégie à un monde disparu. Grâce à de nombreux récitatifs, le soliste semble parler à notre oreille ; et quand l’orchestre devient lui-même son soliste – et son propre accompagnateur – cela donne le passionnant Concerto pour orchestre de Bartók, qui revisite le « Concerto grosso » du dix-huitième siècle à l’échelle du symphonisme moderne. Progressant de l’ombre à la lumière, ses cinq mouvements se plaisent à isoler les timbres instrumentaux, faisant briller chaque pupitre à la faveur d’une modernité décantée, subtile et hédoniste.

Le concert du jeudi 19 février à 20h fait partie du dispositif inclusif Relax. Il veille à proposer une atmosphère accueillante et détendue, basée sur l’acceptation des réactions et comportements de chaque spectateur quels que soient ses besoins (personnes en situation de handicap intellectuel, cognitif, polyhandicap, maladie d’Alzheimer, autisme, troubles psychiques, …). Les code de la salle sont assouplis, permettant aux publics de vivre pleinement leurs émotions, et de sortir ou de rentrer en salle à leur guise.