Mardi soir, la contralto Nathalie Stutzmann était à la Chapelle de la Trinité de Lyon avec son ensemble Orfeo 55 pour un récital « Les héros de l’ombre », issu de son dernier album. Le projet était de faire ressortir non pas les héros des premiers rôles des opéras de Haendel, naturellement mis en lumière, mais les secondaires (voire parfois les tertiaires) aux partitions souvent injustement oubliées.
Le programme de la soirée est intelligent et juste, dosant et alternant sinfonia, concerto et aria, passant d’un opéra à l’autre avec un naturel qui nous porterait presque à croire que ce n’est finalement qu’une seule et même œuvre que nous entendons. Pourtant, nous entendons bien ce soir Alessandro, Serse, Agrippina, Radamisto, Partenope, Amadigi, Orlando, Arianna in Creta, Poro et Giulio Cesare. C’est d’ailleurs ce dernier qui commence la soirée avec son Ouverture.
Dès les premières notes, nous pouvons déjà apprécier la chef Nathalie Stutzmann qui excelle indéniablement dans l’exercice de la direction. C’est d’ailleurs un véritable spectacle à part entière : la gestuelle de ses mains (une baguette aurait été totalement superflue) offre des mouvements incroyablement gracieux. Le baroque résonne avec un air de renouveau et de redécouverte dans cette chapelle.
Si le tracé de ses doigts dans l’air est fascinant, c’est bien l’ensemble de son corps qui dirige : « Je les dirige toujours, mais pas forcément avec le bras. Quand je suis en train de chanter, je peux les diriger d’un regard, d’une inspiration, d’une inflexion de voix ». Ainsi, durant l’aria di Arsamene, « Non so se sia la speme », c’est parfois avec un simple mouvement de sourcil que Stutzmann mène l’orchestre, tournée vers le public pour chanter.