Six pièces pour le Groupe des Six. C'est ainsi qu'était constitué le programme de la seconde soirée du cycle de concerts que la Maison de la Radio consacre à ceux qu'on a surnommés les « samedistes ». Arthur Honegger et Darius Milhaud étaient les seuls compositeurs manquants ce mercredi 9 octobre pour que le tableau soit au grand complet. Un Trio de Germaine Tailleferre, le Concerto pour piano et la Sonate pour hautbois et piano de Francis Poulenc, une Suite symphonique de Georges Auric et deux pièces de Louis Durey : quoique liée par une communauté d'inspiration, la soirée s'annonçait hétéroclite.
Le début du Trio pour violon, violoncelle et piano de Germaine Tailleferre pèche d'emblée par quelques problèmes d'équilibre entre les interprètes. Le jeu très à la corde de la violoniste Hélène Collerette écrase bien souvent la ligne du violoncelle de Nadine Pierre, tandis que le piano de Catherine Cournot reste un peu en retrait. Cet écueil se fait cependant oublier dans les deux derniers mouvements où les trois interprètes, retrouvant leur cohésion, livrent des phrasés plus gracieusement nuancés, notamment dans les passages joués sur la touche du quatrième mouvement.
Sur le point d'interpréter le Concerto pour piano de Francis Poulenc, Maroussia Gentet troque l'habituel Steinway — utilisé par Catherine Cournot dans le reste du programme — pour un Stephen Paulello. Caractérisé par son clavier élargi et son montage sur cordes parallèles, cet instrument singulier n'est pas étranger à la soliste puisque c'est sur celui-ci qu'elle a enregistré plusieurs pièces contemporaines de son dernier disque. Dans Poulenc, il confère à la partie de piano une sonorité et un timbre originaux ainsi qu'une grande précision des attaques.
Entièrement habitée par la partition, Maroussia Gentet respire au rythme de l'orchestre. Les articulations de la jeune soliste sont d'une souplesse étonnante, sans pour autant manquer de rigueur : chaque geste est une impulsion dirigée, si bien qu'il semble parfois que la pianiste joue déjà avant même d'avoir touché le clavier. La ligne mélodique du thème du premier mouvement, soutenue avec constance, s'agrémente d'aigus cristallins tandis que le caractère ironique du dernier mouvement en forme de rondeau est souligné par le jeu des accents. L'Orchestre Philharmonique de Radio France accompagne la pianiste avec brio, suivant avec application ses impulsions et les rapides changements de nuances qu'elle initie.