L’Orchestre de Pau Pays de Béarn poursuivait son agenda symphonique avec trois concerts les 13, 14 et 15 décembre. Emmenée par son directeur musical Fayçal Karoui, la phalange béarnaise recevait pour l’occasion Raphaëlle et Edgar Moreau. Le programme s’articulait autour de la nouvelle œuvre de Philippe Hersant, compositeur en résidence dans la ville d’Henri IV : Sous la pluie de feu, créée un mois avant et co-commandée par l’OPPB, Radio France et l’Orchestre National de Lorraine.
L’introduction aborde l’exégèse littéraire de Stéphane de Mallarmé par Claude Debussy, le fameux Prélude à l’après-midi d’un faune, émanation fantasmée de l’Antiquité en fin de XIXe siècle. Après un long silence permettant la concentration, l’orchestre offre une prestation légère qui laisse de côté l’aspect ironique de l’œuvre et n’exagère pas ses fortissimo. Les motifs s’enchaînent avec poésie et transport aux vents. Seuls les cors sont quelque peu tremblants. Cette ouverture amène avec sobriété la création de Hersant.
Comme à son habitude, le chef d’orchestre prend la parole pour présenter des clefs d’écoute avec, cette fois-ci, la présence très appréciable du compositeur à ses côtés. Commandée pour le centenaire de l’armistice de la Grande Guerre, cette œuvre est dédiée aux musiciens et poilus Lucien Durosoir et Maurice Maréchal. Philippe Hersant y voit plus une symphonie concertante qu’un double concerto, avec une volonté de rendre un hommage avant tout collectif. Le langage est polyvalent mais toujours intelligible car reposant essentiellement sur des figuralismes et sur une trame historique.
En trois parties enchaînées, l’œuvre débute avec un paysage bucolique dans lequel évoluent nos deux solistes-personnages. Violon et violoncelle virevoltent dans une atmosphère libre mais déjà inquiète. Malgré l’appel de l’orchestre qui précipite la mobilisation et l’arrivée de la guerre, les deux solistes auront toujours un motif d’espérance redondant, aux fins de phrases ornées de tierces picardes. Les deux protagonistes dosent avec talent phrases lyriques, harmoniques et doubles cordes de plus en plus étouffés au fur et à mesure que le motif guerrier s’impose dans le paysage sonore, martelé aux basses, violoncelles et à la caisse claire. Accentuée par les sonneries de trompettes, cette pression extérieure écrase les deux individualités.