Pour sa 72e édition, le Festival de Menton a convoqué grands habitués et jeunes talents sur la scène du parvis de la basilique Saint-Michel. Pour la première fois invité aux festivités, le charismatique Nemanja Radulovic, accompagné des Trilles du Diable, a conquit un auditoire nombrable avec un répertoire alliant subtilement ouvrages savants et pages populaires.
A Menton, le décor sublime les discours musicaux. Offrant une vue incomparable sur la Méditerranée, entouré de monuments historiques et paré d’une brise légère, l’environnement se rapporte à la qualité des propositions interprétatives entendues. Au programme ce soir, une promenade dans les âges au gré d’une succession de pièces brèves, allant de l’âge Baroque à l’époque contemporaine.
Tout commence par une disposition du quintette en arc-de-cercle, le soliste circulant dans l’espace central. L’une des particularités de ce dernier réside dans ses déplacements permanents, accaparant sans relâche l’œil du spectateur. Tour à tour, le violoniste visite chacun des membres de l’ensemble, ne se privant guère de tourner le dos à l’audience. Le procédé est savamment pensé et renforce ainsi la convergence des intentions expressives. Faisant vibrer légèrement chacune des notes de la Chaconne de Vitali, Radulovic arbore une posture souple, se balançant de droite à gauche sur ses jambes délicatement fléchies. Habile, il réalise des sauts de cordes rapides dans une surface d’archet extrêmement réduite.
Le spectacle se poursuit avec la « Méditation » extraite du Souvenir d’un lieu cher de Tchaïkovski. La sonorité intimiste instaurée par le quintette est soutenue par une prise de son proche des instruments, ainsi que par le choix d’une diffusion sonore à l’intensité modérée. Les tutti sont tendres ; les lignes mélodiques à la simplicité apparente sont énoncées dans une parfaite synchronisation. Cette communion est également de mise entre le musicien soliste et le violon de Ksenija Milosevic – remplaçant Guillaume Fontanarosa alors souffrant. Tous deux, ils transcendent les formules poignantes du scherzo extrait de la Sonate F-A-E de Brahms, tandis que le contrebassiste Nathanaël Malnoury se pare d’un accompagnement à l’aise et régulier. Entre sons soufflés et effleurement des cordes, Radulovic affirme ses affinités avec le jeu piano, toujours expressif, même dans les moments de sobriété. Captivés, ses comparses s’adonnent à l’écoute de ses traits virtuoses émanant de l’arrangement de la Toccata et Fugue en ré mineur de Bach par Sedlar. Un mouvement synchrone de lever d’archet vient souligner la conclusion de la première partie.