Tempête de pluie sur Genève dimanche soir afin d’accueillir les auditeurs à ce concert qui donnait à entendre l’Orchestre de la Suisse Romande sous la baguette d'Osmo Vänskä pour une large sélection du ballet « Roméo et Juliette » de Serge Prokofiev.
L’ouverture est assez sereine et harmonieuse et on sent bien un Prokofiev soucieux qui souhaite éviter les ires du parti en composant une œuvre riche et d’approche facile. De nos jours, les organisateurs sélectionnent le plus souvent un éventail plus ou moins large d’extraits de ce ballet qui dure plus de deux heures et demie.
« Juliette jeune fille » offre à entendre la belle homogénéité des cordes de l’Orchestre de la Suisse Romande galvanisés par un Osmo Vänskä qui sait trouver le juste rythme à tous ces numéros et mettre en valeur les différents solistes que ce soit la flûte gracile, le hautbois joliment coloré ainsi que la trompette grinçante à souhait ! Les cordes sonnent bien, l’orchestre est ramassé, le son bien homogène, même si le niveau sonore général est assez haut et qu’on eût certainement apprécié de revenir plus souvent à des mezzos quelque chose, apaisants parfois…
« Les masques » et son ricanement fait tout son effet, quand à la fameuse « Danse des chevaliers » elle nous aura mis au parfum de cette grandeur inquiétante stylisée par ces cuivres hiératiques et le motif de cordes acérées. Le final de l’acte 2, splendide, fait resplendir un orchestre dans toute sa puissance, sous tendu par les scansions des cuivres : fulgurant.
« Les funérailles de Juliette» puis « la mort de Juliette » viennent clore dans une ambiance glaciale ce puissant moment en compagnie du génie de Prokoviev à décrire un univers sonore suscitant tout un monde d’images quasi palpables. On aura peut-être regretté d’avoir plus entendu la puissance que les grincements de dents, la force plutôt que le cynisme de cette musique.