Daniel Harding qui va avoir 40 ans en 2015 dirige régulièrement depuis plusieurs années déjà l’Orchestre Philharmonique de Radio France. Il était à nouveau invité en ce début d’année pour deux concerts associant de manière originale, Beethoven et Berg, ce dernier étant un grand admirateur du maître de Bonn. Le premier de ce concert permettait d’entendre le Concerto pour violon de Beethoven avec Christian Tetzlaff, les Trois pièces Op.6 de Berg et la Symphonie No.8 de Beethoven.
Disons-le d’emblée, le grand triomphateur de ce concert fut incontestablement l’Orchestre Philharmonique de Radio France dont la forme éblouissante est une nouvelle fois apparue de manière évidente. La beauté et l’élégance de la sonorité globale, la virtuosité des instrumentistes, le sens du jeu collectif, la réactivité, l’écoute entre les différents pupitres, l’engagement physique de tous ces musiciens sur leurs instruments, tout cela concourt à une magnifique musicalité. L’Orchestre Philharmonique de Radio France, maintenant également aidé par la lumineuse acoustique de l’Auditorium de Radio France, est décidément le meilleur ensemble symphonique parisien. De plus, il allie à cette qualité musicale exemplaire une grande versatilité qui lui permet de passer en un instant d’un monde sonore à un autre.
Ce concert débutait donc par le Concerto pour violon de Beethoven. L’introduction était abordée avec une belle énergie, une vraie élégance et dans un tempo somme toute raisonnable. L’Orchestre Philharmonique de Radio France en effectif léger (quatre contrebasses) y apparaissait d’emblée à la fois plein et élégant. Mais de manière un peu surprenante, on déchantait malheureusement assez vite à l’entrée de Christian Tetzlaff. Son intonation initialement imprécise, ses traits forcés qui font plus penser au Brahms des Danses hongroises qu’à Beethoven, ses nuances sollicitées à l’excès, son jeu paraissant comme dissocié de celui de l’orchestre, en un mot sa conception étonnait mais sans convaincre. On avait même l’impression que Daniel Harding était moins à l’aise, une fois le soliste entré, comme s’il avait plus de difficultés à construire son propos musical, ce qui rendait ce dernier moins intéressant au fur et à mesure de l’interprétation. La cadence choisie par Christian Tetzlaff n’était pas celle de Kreisler habituellement entendue, mais celle de Beethoven qui, en transcrivant ce concerto pour piano et orchestre, avait opté pour une cadence avec timbale. Cela permettait d’entendre le talentueux Jean-Claude Gengembre, l’un des timbaliers solo de l’orchestre qui avait opté, certainement avec l’accord de Daniel Harding, pour des mailloches sèches. Il y brillait particulièrement comme durant tout ce concert. Malgré de belles nuances, des pizzicati précis et un beau legato de l’orchestre, le Larghetto ennuyait et ne parvenait pas à séduire. Quant au final, quoique enlevé et engagé, il ne soulevait pas non plus l’enthousiasme malgré une exécution précise et tonique. Cela donnait au total un concerto décevant, surtout du fait d’un Christian Tetzlaff semblant parfois hors sujet et trop loin du magnifique orchestre qui l’accompagnait. Dommage !