Vendredi 24 avril, le BBC Symphony Orchestra jouait un programme Beethoven/Lutoslawski au Barbican Hall. Les deux têtes d'affiche prévues ayant annulé leur participation au concert, c’est le chef Michal Nesterowic qui a remplacé au pied levé Joshua Weilerstein – faisant ainsi ses débuts avec l’orchestre, et le pianiste Steven Osborne qui a pris la place de Jonathan Biss. Un changement d'interprètes qui n’a pas altéré la qualité globale de l’interprétation.
Après une courte prise de parole du directeur du BBC Symphony Orchestra, Paul Hughes, pour annoncer le double changement de distribution et réclamer l'indulgence du public, le Concerto no. 5 « l'Empereur » (1809) de Beethoven ouvre la soirée et occupe toute la première partie du concert. Le chef polonais, Michal Nesterowic, directeur artistique de l’Orchestre Symphonique de Tenerife depuis trois ans, surprend par sa taille imposante ; il dirige sans baguette, à l’aise du haut de sa stature lui permettant de surplomber naturellement l’orchestre. Sa gestuelle souple et précise convient bien au concerto. Pourtant, rapidement, il devient évident que les musiciens n’ont pas réellement besoin du chef pour jouer l'œuvre qu’ils maîtrisent manifestement mieux que lui, et qu’ils interprètent avec une aisance remarquable. Le plus impressionnant est l’habileté du BBC SO à produire un son homogène, tendre, tout en rondeurs, malgré une acoustique si peu élastique et ayant tendance à projeter le son de façon très directe, presque brutale, sur le public. Tout au long du concerto, le BBC SO restitue les contrastes de l’œuvre dans tous ses détails, sans jamais en faire trop, et en soignant toujours très délicatement les tenues de notes.
L’interprétation de Steven Osborne, pianiste écossais qui n’a plus à faire ses preuves et joue d’ailleurs sans partition, est cohérente en tous points et s’accorde bien avec la vision de l’orchestre : son jeu est assuré, plein de fougue dans les forte, délicat dans l’Adagio, énergique dans le célèbre Rondo au rythme si entraînant – quoique manquant peut-être un peu de malice. En globalité, malgré quelques fausses notes vraiment discrètes (principalement au début), la version de l’« Empereur » que donne Steven Osborne est tout à fait satisfaisante, surtout pour un remplacement ! S’il ne s’agit pas d’une interprétation qui marquera les esprits à jamais, le concerto est bien mené du début à la fin. Adhésion sans concession du public qui a passé un moment très agréable ; finalement, l’absence de Jonathan Biss ne se solde pas par une trop grosse déception.