Programmation flamboyante ce samedi 19 novembre à l'Arsenal de Metz. Au Concerto pour violon en ré majeur, op. 77 de Brahms succédait la 1ère et unique symphonie en mi majeur de Hans Rott. L'Orchestre de la Radio de Sarrebruck et de Kaiserslautern sous la direction de Constantin Trinks et la violoniste Natalia Prischepenko étaient les invités de l'Orchestre National de Lorraine. Flamboyance musicale, mais aussi historique : l'incompréhension entre les deux compositeurs au programme a pu faire peser sur Brahms la responsabilité de la folie, des tentatives de suicide et la mort précoce du jeune Hans Rott. Ce concert illustrait pourtant la complémentarité entre les deux compositeurs : "Brahms le progressif" (Schoenberg) et Rott, qui n'ignorait pas Brahms et encore moins ses classiques.
Les douze premières mesures du Concerto de Brahms qui précèdent le soliste sont l'occasion pour l'orchestre, sous la direction énergique de Constantin Trinks, d'arriver à un équilibre. Natalia Prischepenko, longtemps premier violon du Quatuor Artemis aborde cette entrée avec vigueur, sans toutefois se fondre complètement dans l'orchestre. Elle est rapidement conduite vers les aigus où, virtuose, elle excelle. Bois et cors, autant synchronisés que justes et nuancés, équilibrent le jeu des cordes ; ces dernières, ainsi que la soliste, privilégient la forme à l'émotion. La coda, progressivement animée, ne manque pas de chaleur ; les vents dont on souligne ici encore la valeur y tiennent une place aussi discrète que déterminante.
Tout semble réuni dans l'Adagio pour permettre une grande pureté mélodique et sonore. L'omniprésence des vents (dont en particulier le hautbois) y est toujours aussi touchante, notamment dans l'exposé et le rappel du thème. Aussi, l'acoustique de la salle se prête particulièrement aux accents épurés de ce deuxième mouvement. En surplomb, la soliste Natalia Prishepenko témoigne d'une grande précision dans ses coups d'archet ; les cordes et le chef se font l'écho de ce jeu au timbre étoffé, explorant les aigus. On aurait néanmoins pu s'attendre à nuances expressives plus audacieuses. Dans le troisième mouvement, tous les musiciens se retrouvent dans un étonnant brio ; les attaques sont nettes, la vivacité soutenue jusqu'au bout. En dépit de quelques réserves, l'on apprécie la vigueur de l'exécution, les fougueux staccatos, ainsi que les gammes magistrales du soliste.