Foule des grands soirs au Victoria Hall de Genève pour l'ouverture de la série « Symphonie » de l’Orchestre de la Suisse Romande. Pour débuter — en guise de hors-d’œuvre — le fameux Concerto pour piano en la mineur de Robert Schumann, avec Alexander Gavrylyuk en soliste.
Dès l’introduction, on est saisi d’admiration pour ce chef qui dirige sans partition ! Ce qui pour Schumann passe encore, mais sera beaucoup plus exceptionnel dans la Septième Symphonie de Bruckner…
Dès les premières phrases, on reste béat devant ce murmure des violons et la douceur des violoncelles. Le chef aura certainement beaucoup travaillé les phrasés des cordes pour obtenir tant de nuances, tant d’effets de soufflet, presque « à la baroque » : le son attaqué piano, dolce, se gonflant, pour ensuite revenir à la nuance initiale ! Emotion garantie !
Le deuxième mouvement fut un bonheur de phrasés aux violoncelles, Stefan Rieckhoff, soliste du pupitre, emportant toute son équipe dans une merveille de legato et de sensibilité ! Bravo !
Le troisième mouvement fut également un bonheur, même si on peut regretter que la technique magistrale d’Alexander Gavrylyuk, qui fit sensation dans l’intégrale des Concertos de Rachmaninov jouée ici même il y a peu, rende la musique de Schumann un brin anecdotique, son beau piano n’ayant pas le legato et le romantisme schumannien dont nous avait gratifié Martha Argerich la saison précédente, sous les mêmes cieux dorés…
C’est avec la Symphonie n° 7 de Bruckner que la magie perçue à l’orchestre dans la première partie donna tout son sens aux mots « professionnalisme et engagement musical des musiciens ». En effet, dès les premières mesures, on reste « scotché » par les phrasés subtiles des violons sur toute la gamme des nuances.