Belle soirée à laquelle nous conviait Michael Schønwandt, chef d’orchestre danois ayant dirigé les plus grands orchestres européens, nous offrant deux pièces de compositeurs nordiques dont on fête les 150 ans : le danois Carl Nielsen ainsi que le finlandais Jean Sibelius.
La Suite Karelia de Sibelius s’ouvre dans un frémissement de cordes et des appels de cuivres « à la Wagner »… De cette musique introductive roborative, on aura retenu la brillance des cuivres de l'Orchestre de la Suisse Romande, très en forme, notamment la très belle trompette solo d’Olivier Bomprun. Soulignons l’intime et sensible solo de cor anglais de Sylvain Lombard plein de mélancolie. La jolie danse endiablée concluant l’œuvre fut un ravissement de fraîcheur, faisant briller les différents pupitres de l’orchestre.
Invité de la phalange romande, le genevois Louis Schwizgebel proposait sa vision du Concerto pour piano n° 1 de Beethoven. Formé à Lausanne puis à la Juilliard School de New-York, élève de Brigitte Meyer, Emanuel Ax et Robert Macdonald, le jeune pianiste genevois nous a offert un Beethoven fin, éduqué, stylé, penchant plus du côté de Mozart que du côté des romantiques.
De sensibilité, le pianiste n’en manque assurément pas, le deuxième mouvement en a témoigné ; de virtuosité pas moins d’ailleurs, mais on ressent un déséquilibre entre main gauche et main droite : la première manquant de legato, d’encrage, de ce son organique que requiert le compositeur. Beethoven devient un miracle de ductilité mais en perdant sa verve échevelée : dommage, les mélodies sont pourtant bien dessinées et ciselées… La longue cadence de l’Allegro initial fait entendre la sensibilité douce du pianiste dont on goutte la musicalité, mais dont on sent peut-être plus la délicatesse que le romantisme.