Basé dans le Colorado, le quatuor hongrois effectuait deux concerts à Amsterdam lors de sa tournée européenne. Il s’installait donc les 9 et 11 février dans la Klein Zaal circulaire du Concertgebouw pour un concert intimiste.
La première partie du programme semblait répondre aux nombreux noms germaniques gravés sur au-dessus des arches de la salle, Haydn et Beethoven étant d’ailleurs inscrits au niveau de la scène dans un ordre chronologique. Mais c’est par le Quatuor n°2 en sol majeur que l’ensemble choisi de commencer la soirée. Composé à l’extrême fin du XVIIIe siècle, la pièce porte encore de très forts accents classiques. En ce sens, le regroupement avec celui d’Haydn revêtait une certaine cohérence.
Très souriant, Edward Dusinberre lance les premières notes humoristiques de l’Allegro. Les quelques applaudissements de l’entre-mouvement sont rapidement rabrouées par l’auditoire. Le violoncelle d’András Fejér résonne pleinement sur la partie centrale et agitée de l’Adagio cantabile, tout comme l’alto de Geraldine Walther. Seul Károly Schranz reste en retrait, sans doute volontairement, face au caractère quelque peu concertant de l’œuvre, en particulier sur le dernier mouvement Allegro molto quasi Presto.
Le style galant du Quatuor en fa majeur, op. 77 n°2 d’Haydn, pourtant écrit la même année que le quatuor précédent de Beethoven, cède également la part belle au premier violon. Le caractère brillant des thèmes est bien mis en avant par Edward Dusinberre. Le Menuetto et l’Andante sont plus collectifs. Un soin particulier est apporté aux jeux de contretemps, notamment à la fin du Vivace qui clôture le quatuor, annonçant l’humour rythmique de Ravel.