C’est à un programme assez éclectique que nous conviait l’Orchestre de la Suisse Romande ce jeudi soir au Victoria Hall : la suite pour orchestre de Pelléas et Melisande de Gabriel Fauré en guise d’amuse bouche, pour suivre, Mar’eh, pour violon et orchestre de Matthias Pintscher, puis en guise de dessert, la Huitème Symphonie de Dvořák.
L’introductive et suave suite pour orchestre de Fauré fut ourlée de belles nuances, soulignées par la flûte impressionniste de Sarah Rumer, les interventions tout en nuances de Benoît Willmann à la clarinette ainsi que la douceur des phrasés de Julia Heirich. La fileuse fit resplendir les couleurs scintillantes de l’Orchestre de la Suisse Romande en grande forme dont on sent les affinités quasi filiales avec ce répertoire. La fameuse Sicilienne fit tout son effet et ces esquisses musicales furent proposées dans un bonheur de dosage entre débordement romantique et retenue, tant et si bien que l’équilibre de Fauré fut totalement préservé et offrit le plaisir d’une émotion sereine.
Que dire de Mar’eh pour violon et orchestre de Matthias Pintscher sinon qu’elle fut le témoin de l’entière implication du divin Renaud Capuçon, star française reconnue internationalement, qui prend un plaisir évident à interpréter cette œuvre, commande du Festival de Lucerne et créé en 2011 par Julia Fischer. Son violon se plie avec brio à toutes les couleurs qu’implique l’interprétation d’une telle pièce, tant et si bien que l'œuvre coule avec fluidité, le soliste semblant dépasser avec maestria les difficultés inhérentes à son écriture. Tout au long de cette vaste fresque lyrique chantée par le violon, s’impose un discours assez intériorisé. Malgré d’indéniables qualités d’atmosphères sonores, on restera peut-être plus circonspect quand à la récurrence d’effets et de leitmotivs notamment aux fûtes ainsi que par une musique qui, tel un raga, tourne un peu en rond. Par ailleurs on reste un peu pantois qu'une telle œuvre soit encadrée par un Fauré et un Dvořák faisant plus appel aux tripes qu’à l’intellect.