Belle soirée que proposait le Grand Théâtre de Genève avec le récital de la soprano Dorothea Röschmann accompagnée par Malcom Martineau, dans un programme magnifique proposant de cheminer sur les pas de Schubert, Schumann, Mahler et enfin Wagner.
Chez l’un comme chez l’autre de ces deux musiciens, aucune afféterie, juste une technique impressionnante au service d’une musicalité sereine. La voix de la soprano se caractérise par une grande homogénéité des registres, un timbre chaud et ombré, un vibrato naturel faisant vivre les lignes vocales de manière très humaine et enfin un volume de grande ampleur.
Et si on l’a connue impériale dans de nombreux enregistrements sous la direction de René Jacobs (on se souvient notamment du Croesus de Reinhard Keiser ou de la Griselda d’Alessandro Scarlatti), on la sent parfaitement à l’aise dans les territoires où les couleurs sombres de sa voix font des merveilles : les Wagner et Mahler de ce récital auront, de ce point de vue, été révélateurs de la somptuosité de son timbre. Nous y reviendrons.
Tout d'abord, « Heiss mich nicht reden » de Schubert : un délice d’équilibre entre la voix et le texte, sans pour autant privilégier l’un ou l’autre - écueil possible en présence d’une vocalité puissante et charpentée comme la sienne. Dans « So lasst mich scheinen », un piano parfaitement ourlé accompagne une douceur vocale sereine au legato superlatif. Il en va de même dans le crépusculaire « Nur wer die Sehnsucht kennt », mais on relèvera plus particulièrement le très bel accompagnement de Malcom Martineau lors du « Kennst du das Land ? » : la couleur est toujours adaptée, le legato très naturel, l’attention au chant totale et la sensibilité toute romantique.