Un programme aussi diversifié que The unanswered question de Charles Ives (1874-1954), le Concerto pour clarinette, orchestre à cordes, harpe et piano d'Aaron Copland (1900-1990) et Schéhérazade de Nicolaï Rimski-Korsakov trouve avec difficulté sa propre cohérence. Concert intitulé « D'Ouest en Est », nous nous demandons en cette fin de saison si l'Orchestre national Montpellier Languedoc Roussillon ne devrait pas réfléchir davantage à la cohérence et à la pertinence des relations entre les œuvres choisies ? À l'image de la programmation de cette saison qui s'achève, la véritable question, et non celle de Ives, est de se demander si la direction souhaiterait se donner les moyens d'élever la pertinence de ses programmes plutôt que de forcer des rencontres d’œuvres chapeautées à plusieurs reprises par des intitulés de concert révélant l'absence de fond ?
Cependant, chacune des pièces prise isolément trouve sa cohérence et une interprétation de honnête. La maîtrise de la texture des cordes dans The unanswered question de Charles Ives est à souligner ainsi que le travail maîtrisé sur l'espace de par une division de l'orchestre entre scène et premier balcon. De même, l'orchestre assume pleinement son rôle dans le Concerto pour clarinette d'Aaron Copland pour lequel Martin Fröst est véritablement convaincant. De par sa virtuosité, son jeu maîtrisé, l'éclectisme de son timbre, la conduite de son phrasé et l'écoute dont il fait preuve, le clarinettiste et chef d'orchestre suédois se dévoile comme un interprète d'exception pour cette œuvre. Le travail d'ensemble convainc d'autant plus que la problématique du timbre avec la réussite de certains alliages et la maîtrise des strates sonores est réussie. Ce dernier point constitue cependant un des éléments à discuter en ce qui concerne la dernière pièce du programme.