Créé sous l’impulsion de son éditeur Ricordi afin de commémorer le premier anniversaire de la mort de son ami poète Manzoni, le Requiem de Verdi est une des musiques les plus reconnues du compositeur, mêlant immense recueillement des premières mesures, magnifiques passages solistes et se concluant par un « Libera me » totalement théâtral, lui-même composé pour commémorer la mort de Rossini. Ecouter le Requiem reste une expérience extraordinaire grâce à la puissance évocatrice de la musique de Verdi mêlant les couleurs d’un grand orchestre symphonique, d'un grand chœur, et surtout de nombreux passages solistiques.
Ce soir, l’affiche promettait un feu d’artifice, tout d’abord parce que nous ne pouvons que regretter la rareté des magnifiques Chœurs du Grand Théâtre de Genève au concert, ainsi que par la présence de la magnifique Violeta Urmana, mezzo-soprano lettone, qui est une des grande voix de notre temps et qui excelle dans les rôles de Verdi et Wagner.
Ainsi donc, dès les premières mesures, on ne peut que remarquer le timbre des altos du chœur sur les mots « Luceat eis » : velouté, homogénéité, bref, la chair de poule ! Toute l’introduction dans un nuage éthéré nous fait entrer dans une sage méditation…
C’est après cette belle introduction chorale tout en nuance, que nous prenons un premier contact avec les solistes, Svetlana Ignatovich, soprano remplaçante au pied levé de Csilla Boross, Violeta Urmana, mezzo-soprano, Ricardo Massi, ténor et Roberto Scanduzzi, basse.
Et là, force est de constater le déséquilibre du plateau de solistes, dominé par le timbre magnifiquement chaud de Violeta Urmana, la basse large et le sens dramatique de Roberto Scanduzzi, le ténor ténu et frêle de Riccardo Massi et surtout le soprano serré de Svetlana Ignatovich… On aura souffert certainement des chromatiques du ténor dans le « Quid Sum Miser » peu à son avantage face à Violeta Urmana. Quant au soprano de Svletlana Ignatovich, on aura pu regretter le manque de projection, le timbre serré dans les aigus, le manque de poésie dans le « Salva me » en particulier, envoyé sans aucun rubato, et certainement une voix peu veloutée et peu mise en valeur par la comparaison avec sa collègue d’un soir…