Belle soirée à laquelle étaient conviés les genevois, afin d’entendre ce magnifique Concerto pour deux orchestres à cordes, piano et timbales de Bohuslav Martinů ainsi que la pléthorique Neuvième Symphonie de Beethoven.
D’entrée de jeu, on apprécie l’énergique « Poco allegro » et le son admirable des timbales de l’Orchestre de Chambre de Lausanne. Le tempo est vif, néanmoins sans sauvagerie, avec de beaux dialogues entre les deux orchestres. Le placement du piano au sein de l’orchestre, et non pas en avant, prédispose à ce que ses interventions soient plus intégrées dans la gangue orchestrale et moins mises en avant.
Le « Largo » dense et dramatique évoque les mélismes d’un Britten dans ses plus sombres pages. Sur fond de pizzicati de cordes graves, les plaintes s’élèvent, sinueuses à souhait. L'« Allegro » final, empli de palpitations vibratoires et d’une somptueuse énergie est particulièrement bien amené par le chef Joshua Weilerstein qui use de nuances et d’une science des équilibres royale, sachant organiser avec maestria les énergies : équilibrer le sauvage, modérer les emportements sans en gommer les aspérités.
Si Martinů a été un délice d’équilibre, la Neuvième Symphonie ne parviendra pas à poursuivre sur cette lancée. Les pupitres de violons notamment apparaissent trop faibles pour lutter contre la nature dominante des vents et cuivres dans les mouvements très énergiques de grand tutti. En conséquence, le son des cordes devient droit et un brin poussé, manquant d’apesanteur et d’un beau legato. Malgré tout le chef parvient à nous emporter dans sa vision de sa neuvième même si, lors de la grande montée sinueuse du final du premier mouvement, le moteur orchestral s'arrêtera malheureusement à mi-chemin.