Au cœur de la Ville Éternelle, l’Accademia organisait un concert entièrement dédié au compositeur baroque Antonio Vivaldi, dans la fameuse salle Santa Cecilia de l’Auditorium Parco della Musica, à l’architecture avant-gardiste. Tout l’intérêt résidait principalement dans le collectif de musiciens mobilisés, l’ensemble baroque Europa Galante et son chef Fabio Biondi. Se produisant avec les instruments et les us d’époque, ce choix rendait aux partitions le contexte de leur interprétation d'origine et conférait une nouvelle sonorité à des pièces que l’on pensait connaître.
La très courte Sinfonia extraite d’Hercule sur le Thermodon (1723) était choisie par Fabio Biondi pour ouvrir de la façon la plus dynamique qui soit ce concert. Les pièces très courtes qui suivent au programme, ne servaient à l’origine que de transitions entre les parties chantées plus importantes ; depuis Monteverdi, elle revêtent un caractère pourtant exquis et expressif rendu avec fidélité par l'ensemble. Le début du Concerto pour violon, hautbois, orgue et basson poursuit dans une même dynamique rythmique avec les jeux d’échanges entre les trois instruments, en forme d’échos et d’imitations, et les parties plus collectives de cet orchestre dont l’effectif se situe à mi-chemin du symphonique et de l’ensemble de chambre. L’orgue reste très discret, mais tout de même audible, apportant en plus du timbre des instruments anciens une sonorité peu habituelle. Le violon prend néanmoins largement le pas sur les autres musiciens dans la partie lente et centrale. Le dernier mouvement, massif, laisse émerger quelques temps les solistes de l’orchestre avec de nombreuses marches et échanges de motifs. Le deuxième concerto, pour deux violons, deux hautbois et basson prolonge l’ambiance précédente, toujours sous la direction du chef et violoniste Fabio Biondi. Ce mode de direction donne un aspect très collectif au concert particulièrement intéressant. Le deuxième mouvement marque son pas d'un caractère lancinant : le solo du violon s’envole au dessus d'une basse continue inflexible. Le troisième mouvement reprend un jeu subtil d’échanges entre cordes et vents.
Un dernier concerto « per l’orchestra di Dresda » vient conclure cette dernière partie. Tout en jouant, le chef déploie une énergie considérable, à l’aide de gestes amples pour les fortissimo, s’accroupissant pour les pianissimo, cherchant à rendre très dansants les rythmes syncopés du premier mouvement. L’accord final est tenu et allongé à l’extrême, faisant pleinement rayonner la sonorité très métallique des cordes sans vibrato, un des charmes de la musique baroque. Le deuxième mouvement plus dramatique est présenté très lent, le hautbois soliste se dirigeant seul accompagné par un basson qui étire le chromatisme. Le dernier mouvement étant surtout constitué de traits et de marches, l’effet est très efficace mais quelque peu redondant malgré les deux violons à la tierce. À la fin de cette première partie, le chef d’orchestre salue chacun de ses musiciens et lance un salut collectif sous des applaudissements nourris.